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Disorder in Discipline-



Tuesday 26 July 2011

Maud Molyneux/Louella Interim, Monsieur Maud, 1981-1989

On rassemble enfin en volume quelques-uns des plus beaux articles de Louella Interim/Maud Molyneux (cliquez sur son nom et vous tomberez sur le plus bel hommage que l'on pouvait lui dresser). En guise de quote, j’aurais pu choisir n’importe quelle description de vêtement (car personne n’a jamais écrit avec autant de jubilation sur le costume au cinéma), n'importe quelle évocation d'actrice, piocher n’importe où dans son reportage dément à Rolle chez Godard (« Et j’embarque en oubliant mes gants… »), ou encore piquer là où bon me semble dans son texte sur Mad Max II (écrit du point de vue du piéton!). J’aurai pu découper une de ces phrases longues -et majestueuses- d’un feuillet entier, comme dans son papier vertigineux sur Pandora. Ou n'importe quel compte rendu de défilés de mode de l'année 82. A la place, j’ai préféré demander un texte sur Louella à JML (lequel, en villégiature à Biarritz, promet de nous le faire pour la mi-août) – sans résister au plaisir agaçant de vous faire patienter avec ces quelques lignes, humaines et primordiales…

«Autre temps, autre mœurs et Cukor se permet ici des « audaces » qu’on aurait certainement pas laissées passer à l’époque (1962) où la censure charcutait son méconnu The Chapman Report (Les Liaisons Coupables). Et c’est peut-être avec les scènes où la très libérée Liz (Jacqueline Bisset) fornique dans les toilettes d’un avion avec un inconnu ou se fait déshabiller devant elle un ado ramassé dans la rue qu’on peut le plus admirer le direct de Cukor, à l’opposé de toute hypocrisie, mais aussi de toute salacité grivoise qui donne à ces moments du film force et poésie. Ce qui frappe aussi évidemment c’est la fougue juvénile, l’appétit de vivre et de filmer la vie qui donne au film un tempo impeccable.»
(Riches et Célèbres de Georges Cukor, Libération, 19 Février 1982)


Maud Molyneux/Louella Interim, Monsieur Maud (parcours d’un journaliste esthète), Rue Fromentin, Paris, 2011.

Wednesday 13 July 2011

Johan Van Der Keuken, Quatorze Juillet, 1958

Pour celui-ci, cest ce soir ou jamais… En 1958, Johan Van De Keuken, alors tout jeune et déjà remarqué photographe, est catapulté à Paris par la grâce d’une bourse d’état des Pays-Bas : il va étudier le cinéma à l’IDHEC. Le 14 juillet, l'hollandais photographiant se ballade sur l’île de La Cité et, Quai de Bourbon, tombe sur nos so exotic bals populaires. Il en est ébahi jusqu'à prendre trente-cinq clichés - un seul uniquement passera à la postérité. Les autres dormiront dans une boite jusqu’à ce que l’an passé Van Zoetendaal (un des meilleurs éditeurs de photos au monde, par ses choix et le soin apporté à la fabrication de ses livres) les publie enfin. On y voit quoi, sur cette trentaine d’images inédites remontées à la surface sans crier gare ? Une France qui ne ressemble en rien au cliché baguette-béret -camembert qui colle à la représentation poisseuse de l’époque. C’est un peu plus le bordel, la France que donne à voir Van Der Keuken, un beau désordre qui ne connaît qu’une seule discipline : la danse.
Sous les lampions et parmi les chaises pliantes, passent des hordes de mioches en culottes courtes encore très néo-réalistes. Adossées au mur, des palanquées de filles assez belles, en large jupon 50, ballerines et foulard, attendent que des mecs venus d’Italie, du Sud de l’Espagne ou d’Afrique du Nord viennent les inviter à faire un tour. "Défense d'afficher", vraiment? Le 14 juillet, il n'est pas interdit de s'afficher... Alors, la fausse Signoret emballe le sosie algérois de Ninetto, la petite Bardot lorgne déjà sur un jeune Vadim passant en décapotable… En 1958, Van der Keuken n’est pas encore cinéaste, mais sa vision documentaire de la France ressemble déjà davantage à une fiction de Pasolini qu’à un dégueulis bleu Marine d’Autant-Lara.

Johan Van Der Keuken, Quatorze Juillet, Van Zoetendaal Publishers, Amsterdam, 2010