Sunday, 3 November 2013
Diane Keaton, Reservations, 1980
On parlait l’autre jour de Looking for Mr Goodbar, un Richard Brooks de 1977 qui ressort à Paris en une seule salle quasi comble tous les soirs. On a même vu revenir, au bureau, des débats qui vous redonnent envie d’être cinéphile : sans vouloir trop spoiler, deux camps se sont affrontés. Ceux qui pensent (un peu vite, je crois) que Diane Keaton est sacrifiée à la fin pour maintenir intacte la morale américaine, et ceux (Joe et moi) persuadés que Diane Keaton se voit rattrapée par la violence et la connerie aveugle des mecs. Elle meurt d'avoir eu sur eux des années d’avance. Son personnage n’est pas sauvé, mais il n’est sûrement pas jugé. D’avoir voulu vivre comme elle l’entendait, elle n’avait d'ailleurs pas de faute à expier.
Et tout ça m’a fait repenser à ce livre acheté 10$ il y a un peu plus d’un an à New York, un dimanche, tôt le matin. Un livre sous estimé, si tant est qu'il soit même connu. Le seul livre de photos de Diane Keaton.
Je vous vois déjà venir, vous qui n’avez jamais supporté ce type de bouquins de stars/caprices des dieux. Je le sais parce que là dessus on est pareils. Encore pire si ces stars appartiennent à l’intelligencia new yorkaise (toute la vieille douleur ressurgie cette semaine avec la mort de Lou Reed ne nous fera pas admettre pour autant qu’il fut un bon photographe).
Pourquoi alors ce Keaton là ? Pour sa réussite, unique en son genre. Pour son intelligence et son ironie. C'est une collection (au sens sériel du terme) de photos de lobbies d'hôtels, d’entresols et de salles réservées pour les interviews, pour les congressistes et les réunions des Rotary’s.
Keaton les a photographié vides, le matin quand il n’y a pas un chat. Lieu vidé, plantes vertes, moquettes panthères, espaces sans fenêtre, perspectives foutues à plat, des bouts de décors plantés là comme des autels dérisoires à la gloire d’un truc qui ne portait pas encore le nom de lifestyle.
Ensuite, elle a sorti ça en 1980, chez Knopf (elle a toujours eu l’art de l’entregent). Ce qui peut vouloir dire que la majorité de ces photos ont pu être prises durant la promo américaine de Hannie Hall, ou de Mr Goodbar, ou de Manhattan ou d’Interiors.
La liste des hôtels, en légende, est déjà en soi une forme de déclinaison post-moderne : le Crow hôtel (Miami Beach), le Plaza (New York) le Warwick (Philadelphia), le Sheraton (Pasadena), le Deauville Hôtel (Miami Beach), le Ashley (New York), l’Embassy (LA), le Caesars Palace (Las Vegas),le Ritz-Carlton (Boston), le Palm Springs Biltmore, le Pierre (NY), le Waldorf Astoria (NY), le Fontainebleau Hilton à Miami ou encore le Sterling Hôtel (Miami Beach).
Je ne me fais aucune illusion: Le même livre, sorti à tirage limité, signé d’un jeune portugais vaguement hipster ou d’une pointure type Martin Parr ou Asger Carlsen flirterait déjà avec les 400 euros. Et vous tueriez pour l’avoir.
Diane Keaton, Reservations, Alfred A. Knopf, New York, 1980
trouvable pour 3 euros sur Amazon.co.uk...
ReplyDeletegot it!!
ReplyDeletegénial,merci,je connaissais pas ce livre d'elle.
quand à ce que tu evoques dans le post,nous en reparlerons..
this is informative.
ReplyDeletetextile exporters