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Tuesday 23 November 2010

Jim Dodge, L'oiseau Canadèche, 1984


Nouvelle traduction française (après celle, perdue de vue, du Point Virgule en 85) de Fup, un court roman de 100 pages de Jim Dodge daté de 1984 – son tout premier à vrai dire. 100 pages stylistiquement trempées dans le Vieux Râle, un whisky indien qui aurait le pouvoir de rendre immortel, et traversées de visions célestes façon Steinbeck on acid. 100 pages sur un trio far west plus que tardif, voire oublié (on est quand même à l’orée des années soixante-dix, mais personne ne semble s’en être rendu compte dans ce patelin) composé d’un orphelin de 22 ans obsédé par les clôtures, de son grand père centenaire joueur et imbibé et d'une cane si obèse qu’il faut lui marchander une place quand on l’emmène voir un film au drive-in. Ça pourrait être niais, naturaliste emmerdant, c’est mortel – à vrai dire la parfaite rampe de lancement psychédélique pour qui voudrait se jeter dans Stone Junction (livre culte par ici, un putain de roman de secte, Karine) ou le post-Beat Not fade away (toujours pas traduit en France - gatitox, ça te tente pas?). Dommage qu'Howard Hawks (décédé en 1977) n’ait pas eu la santé de fer d’un Manoel de Oliviera (102 ans le mois prochain, toujours vert) pour filmer ces derniers innocents à la taille voulue : à hauteur d’homme, à hauteur d’homme.

« Titou – c’est le nom que Jonathan Adler Makhurst II porta par la suite – n’avait pas gardé beaucoup de souvenirs de la mort de sa mère, mais ceux qu’il avait conservés étaient terriblement vivaces. Son réveil sur le siège avant de la voiture, tout seul, les perles de pluie sur le pare-brise… Il avait appelé sa maman. Il avait eu bien du mal à ouvrir la portière. Il avait appelé « Maman ! maman ! maman ! » en s’avançant sur la jetée… Il pleurait en l’appelant. Il lui restait l’image des croûtons de pain détrempés, des trous dans la rambarde de bois pourri – sa mère qui flottait, la face contre l’eau, comme si elle cherchait, au fond du lac, quelque chose qu’elle aurait laissé tomber… Un gros oiseau nageait tout autour de son corps. Il y avait eu ce bruit d’explosion, d’eau et d’ailes, soudain, quand il s’était mis à hurler. »

Jim Dodge, Fup (L’oiseau Canadèche), traduit par Jean-Pierre Carasso, Cambourakis 2010.

13 comments:

  1. Mon préféré de Jim, c'est Stone Junction. Même si Not Fade Away reste un des meilleurs que j'ai lus. En bref, c'est ça:

    http://www.youtube.com/watch?v=veyPHzxNjog

    Je me demande, si le titre de l'album de TLS "From The Double Gone Chapel" n'était inspiré par le personage de Double Gone, qui se prenait pour un pasteur?

    P.S. L'interview de Genet – un post excellent!

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  2. Nice to listen to Buddy Holly, merci
    En ce qui concerne les Two Lone Swordsmen, je pense que quelqu'un de ce blog pourrait facilement remonter à la source pour en avoir le coeur net, n'est-ce pas? (Allo Londres...)

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  3. My pleasure! En attendant la réponse à l'autre bout du fil, pourrais-tu me conseiller une librairie, un bouquiniste sur Paris, stp? J'ai essentielement des auteurs français sur la liste. Si t'as un ou deux livres de l'année à en rajouter, n'hésites pas. Les listes des autres sont également attendues. J'attéris Samedi.

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  4. Hey,
    Je viens de decouvrir un film qui s'intitule "the ister". C'est un truc a faire decouvrir.
    Je ne vous fais l'injure de vous demander si vous connaissez.Cordialement

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  5. @Pierre: The Ister, tu penses au doc suivant la trace de Heidegger le long du Danube... jamais pu le voir. Tu l'as trouvé sur le net (un lien, un lien!!)?
    @TMTM: j'avoue une addiction à Gibert (métro Odéon, blvd St Michel): des livres au disques en passant par les dvd, les occasions, la littérature en v.o.... bien bien plus qu'un généraliste, une drogue dure. Compagnie, tout près, coté Sorbonne, reste le grand classique sérieux. Descendant St Michel, un bouquiniste qui fait disquaire au premier - mortels, les disques. Bien sur, le regard Moderne, rue Git-Le-Coeur, l'antre sans lequel Paris mourrait dans la honte. Puis sortant de la rue Git-Le-Coeur, tu tombes sur les quais directement ou presque sur un bouquiniste incroyable: ses gouts en littérature, polar, ciné, photo, philos sont ceux de ce blog (Ph. Garnier se sert là quand il passe par Paris - ais-je besoin d'en dire plus?)
    Les rayons politique et rock de Parallèle (à Châtelet), inévitables. Mona Lisait, près de Beaubourg, peut réserver des surprises en occasion. La librairie du Bal (m* Place de clichy) en photo s'est imposée en moins de deux mois. L'atelier, métro Jourdain, fait un beau boulot de mise en avant. Et aussi, descendant du métro Pyrénées vers Belleville, une très bonne librairie orientée urbanisme et littérature étrangère. On y voit des livres qui ont souvent disparu des stocks. Joe Goshn et Crocnique parlent souvent de Philippe le libraire, je n'y suis pas encore passé, mais l'endroit a déjà ses fans.
    Si d'autres parmi vous ont des spots, la discussion est volontiers ouverte...

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  7. La liste multirisque pour ma valise surchargée au retour. Merci!

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  8. Oui, après ça pour le retour en Lituanie il va te falloir envisager la malle en rotin avec porteur exotique comme dans les parodie de bd néo colonialistes d'Yves Chaland... Easy Jet et leur politique restreinte à 20 kilos avant surtaxe sont les ennemis des gros appétits de bouquins (ou de disques)... Au Liban, on raconte que durant la guerre, les gens qui s'exilaient filaient un bakchich au mec qui faisait la pesée à l'aéroport, lequel soulevait légèrement la valise au moment de la peser et arrivait subitement à la faire maigrir de moitiée, hé hé

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  9. Oui, c'est bien ce film. Je n'ai pas de lien mais on peut se le faire offrir pour Noel.

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  10. The Ister, on le trouve par exemple sur Surrealmoviez, après inscription (et invitation, mais vous n'allez pas me faire croire que personne autour de vous n'a accès à ce site)

    http://www.surrealmoviez.info/readarticle.php?article_id=32827

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  11. Non, ça on ne va te le faire croire...

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  12. Merci, encore, pour les pistes. Elles ont tracé mon séjour. Finalement, ça vaut la peine d'aller à Paris rien que pour des livres. Anna Kavan presque gratos, Garnier, lui aussi en occase et très solitaire dans les rayons de sociologie... Gibert rules. Et ce n'était que le début. La librairie qui m'a fait souffrir le plus (surtout en kg dans mon baggage) c'était J.Vrin ... La couverture de Bergson, sur laquelle je la voyais assez souvent pendant mes années d'études a quelque chose à y faire...

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  13. Ah oui, Vrin... J'y ai de beaux souvenirs aussi...
    Quel Kavan as-tu trouvé (je l'aime tellement, elle)?
    Est-ce à toi que l'on doit, depuis ton passage, ce froid lituanien sur Paris?

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