Pour celui-ci, cest ce soir ou jamais… En 1958, Johan Van De Keuken, alors tout jeune et déjà remarqué photographe, est catapulté à Paris par la grâce d’une bourse d’état des Pays-Bas : il va étudier le cinéma à l’IDHEC. Le 14 juillet, l'hollandais photographiant se ballade sur l’île de La Cité et, Quai de Bourbon, tombe sur nos so exotic bals populaires. Il en est ébahi jusqu'à prendre trente-cinq clichés - un seul uniquement passera à la postérité. Les autres dormiront dans une boite jusqu’à ce que l’an passé Van Zoetendaal (un des meilleurs éditeurs de photos au monde, par ses choix et le soin apporté à la fabrication de ses livres) les publie enfin. On y voit quoi, sur cette trentaine d’images inédites remontées à la surface sans crier gare ? Une France qui ne ressemble en rien au cliché baguette-béret -camembert qui colle à la représentation poisseuse de l’époque. C’est un peu plus le bordel, la France que donne à voir Van Der Keuken, un beau désordre qui ne connaît qu’une seule discipline : la danse.
Sous les lampions et parmi les chaises pliantes, passent des hordes de mioches en culottes courtes encore très néo-réalistes. Adossées au mur, des palanquées de filles assez belles, en large jupon 50, ballerines et foulard, attendent que des mecs venus d’Italie, du Sud de l’Espagne ou d’Afrique du Nord viennent les inviter à faire un tour. "Défense d'afficher", vraiment? Le 14 juillet, il n'est pas interdit de s'afficher... Alors, la fausse Signoret emballe le sosie algérois de Ninetto, la petite Bardot lorgne déjà sur un jeune Vadim passant en décapotable… En 1958, Van der Keuken n’est pas encore cinéaste, mais sa vision documentaire de la France ressemble déjà davantage à une fiction de Pasolini qu’à un dégueulis bleu Marine d’Autant-Lara.
Johan Van Der Keuken, Quatorze Juillet, Van Zoetendaal Publishers, Amsterdam, 2010
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De passage à Paris en avril dernier, l'homme derrière les éditions Van Zoetendaal nous expliquait que sa politique est de ne jamais refaire de second tirage de ses livres. Ce Quatorze Juillet beau comme tout (vendu dans les trente euros, magnifiquement imprimé, avec une mise en page "en accordéon" d'une originalité folle...) s'est épuisé en quelques semaines. Depuis un semestre, ne sont plus en circulation que les rares exemplaires qui dorment encore ça et là chez un libraire, peut-être celui en bas de chez vous, on ne peut jamais savoir. Si vous tombez dessus, vous savez ce qu'il vous reste à faire...
ReplyDeleteUn article sur notre maladie commune :
ReplyDeletehttp://www.guardian.co.uk/money/2011/jul/22/photobooks-affordable-collectibles-value?CMP=twt_gu
Et comme je suis loin d'être guéri, voilà les meilleurs "produits" de ces 10 dernières années selon un célèbre accro' :
ReplyDeletehttp://2011.photoireland.org/news/martin-parrs-best-books-of-the-decade/