Sunday 21 July 2013
Mao Ishikawa, Hot days in Okinawa, 1975-1977
Vous n’imaginez même pas à quel point c’est difficile d’extraire quelques photos de magnifique Hot days in Okinawa. D’abord, on ne trouve rien ou presque qui se ballade sur le net, sinon deux trois photos qui, isolées, pourraient nous faire croire que ce livre cherche à nous vendre les bars de nuit à Okinawa, toute une vie dévouée au cul et au saké bière – tout simplement parce que ces photos ont effectivement en elles une bravoure qui leur donne ce vernis un peu choc, une manière d'affirmer fort et haut que "oui, oui, ces instants ont été saisis par une femme, japonaise de surcroît. Qui, mis à part çà, vous emmerde".
Mais une fois mises les unes cotés des autres, ces photos prises entre 1975 et 1977, réunies une première fois en volume en 1981 (titre original : Hot Days in Camp Hansen), donnent surtout une impression de sérénité. Leur gaité brute, leur naturel, leur insouciance arrivent à faire passer beaucoup de vie quotidienne dans un très mince espace clos - les étés interminables et suffocants à Okinawa, les virées à la plage entre filles, le retour le soir au quartier des plaisirs, les danses des bartenders avec leurs boyfriends, tous des soldats noirs américains,les gestes libres en lieux-clos, les rires.
Nous voilà entre nous. Parce que Mao Ishikawa s’était engagée là comme serveuse, à 22 ans, avait elle aussi un ou deux amants noirs, vivait dans la maison parmi les filles, rien de tout cela ne nous vend quoi que ce soit. Sinon le bonheur éphémère de faire partie d’une bande.
"It was back in 1975. I was 22 when i took the plunge and started working in the bar district in Teruya, Koza City (now called Okinawa City). It was an area exclusive to blacks, and i thought it would be a quick route to take photos of U.S. soldiers, if i worked in a bar where foreigners hung out, even though i spoke zero english - i was bold.
The U.S. army had whithdrawn from the Vietnam war by the time, and when old friends reunited at the bars, soldiers were happy to see each other's safe return. The following year, i moved to Kin Town to work in a bar, which served exclusive to blacks, i took many pictures of the women who were my co-workers.
i sometimes noticed the fellow okinawans and japanese tourists looking at me when i would walk in the streets in Naha City with my military boyfriend arm-in-arm. Their faces seemed to say i was some kind of a whore, crazy about black men who are only good for dancing and sex. But i really didn't care about what they thought."
Mao Ishikawa, December 2012
Mao Ishikawa, Hot days in Okinawa, Foil, 2013, Japon
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Bien que sorti cette année au Japon, le livre a visiblement du mal à arriver en Europe, ou alors dans des quantités infimes. Ceux qui voudraient en apprécier de larges extraits peuvent se ruer sur le tout dernier numéro de la revue Foam (issue 35, sous-titré LUST) qui lui consacre un portfolio. C'est dit.
ReplyDeletepour info, il est dispo à la Librairie du Centre Pompidou.
Deleteplus maintenant...
ReplyDeleteSi vous avez l'exemplaire avec toutes les photos vous êtes chanceux. Pour la petite histoire, un des sujets du livre a fait retirer 2 pages du livre en circulation.
ReplyDelete@Gould Ah c'est vrai? C'est récent, ou c'était au moment de la première édition de 1981? Si vous avez un lien qui renvoie à un article sur cette histoire, ça m'intéresse beaucoup. Merci. xx
ReplyDeletec'était après la première parution du livre. La reception de ce travail au Japon n'a pas été très bonne ou simplement vu sous le prisme de la sexualité débauchée. Certaines des femmes présentes sur les photographies, ayant refait leur vie depuis la parution du bouquin, ne voulaient pas que des photos d'elles de cette période ne soient visibles. Certaines poursuivirent Ishikawa Mao en justice, d'où les pages retirées par Mao elle-même et les négatifs donnés aux femmes réticentes à l'existence de Atsuki Hibi Camp Hansen. Qui ont du être détruit du coup.
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