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Disorder in Discipline-



Wednesday 11 February 2009

Mathieu Riboulet, L'amant des morts, 2008

Voilà pourquoi j'adore bouquiner.
Un jour par hasard, un livre débarque.
Sur le moment je ne le remarque pas trop.
Il est juste une vague tache de couleur cartonnée.
Et puis un autre jour, je décide de l'ouvrir et là, c'est la claque. (vraiment)
L'Amant des morts
, c'est une écriture triturée, torturée mais toujours ultra poétique. On plonge dans le noir de la nuit, de l'inceste impossible, puis vient le sida parce qu'il fallait encore souffrir. On se dit que c'est pas possible tant de mal/maux. Mais Mathieu Riboulet rend son abyme, entre autobiographie et fiction, hyper étincellante. On ne peut plus s'arrêter de lire. On flippe carrément à l'idée que ce bouquin ne fait que 91 pages.
Les personnages passés à la moulinette du trouble affectif forment une famille ultra bancale à laquelle on s'attache forcément. Riboulet a une façon assez déconcertante de passer du eux, au je, au nous, au vous. Du coup on pense forcément aux copains, à ceux qui sont là mais que l'on pourrait subitement perdre et aussi aux autres qu'on a déjà perdu. Cette distance, cette proximité Riboulet la rend insupportable mais tellement réelle. Il ne dit pas «n'oubliez pas». Il dit seulement. Avec ses mots la douleur devient sublime voire subliminale. J'avoue qu'après ça je ne sais plus trop par quel livre recommencer ..... je crois que je vais y aller tout doux, peut-être guidée par les pages de ce blog .....

« Le fils, de temps à autre, couchait avec le père. La mère ne voyait rien. Il fallait bien répondre, et ça ne cessait pas. Les élans adultes, brusques du père avaient éveillé au creux du fils un écho aussi obscur qu'ancien d'animalité, un besoin de sueur séchée, de salive et de sperme venu du fond des temps. C'était effrayant mais souverain. Ils étaient au désert, cernés par la nuit, le vent des solitudes. On s'occupait de pulsions ataviques, on sculptait le revers invisible des jours idustrieux et mornes. »

Mathieu Riboulet, L'amant des morts, Verdier, 2008

1 comment:

  1. je l'ai pas lu mais sur un sujet similaire tout en evitant l'ecueil (dans la mesure du possible) du pathos, peut etre plus "romantique": To the Wedding de John Berger... je crois pas que celui la soit traduit en francais...
    et oui, finir un tres bon livre, c'est affreux.

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