WE ARE MODERN -WE TWEET!





-But if you'd rather watch a movie, you're also welcome at
Disorder in Discipline-



Sunday 14 February 2010

50 for 10-part 4

4e partie de notre liste des livres recommandables de la décennie passée. Nos choix, dans le désordre.

Alain Badiou, Le Siecle, Seuil, 2005.

On ne pourra pas lui oter le titre de penseur de la decennie (je ne deteste pas son cote un peu star d'ailleurs, c'est assez contradictoire donc humain). Ou en serait-on s'il n'etait pas la ? Le succes "populaire" de De Quoi Sarkozy est il le nom ? fut une des rares bonnes surprises de cette fin de decennie. Pourquoi celui la ? Parce que L'Ethique (celui qui posa le plus clairement les bases de sa pensee politique) est 90's et que Logiques des Mondes, j'aurais vraiment aime pouvoir le lire. Enfin et surtout, la, sous sa froide et rigoureuse rage maothematique, pointe quand memele poete romantique...

Robert Fisk, La Grande guerre pour la civilisation, La Découverte, 2005.

Robert Fisk est un héros. Reporter star du quotidien britannique The Independent (pour lequel il avait interviewé trois fois Oussama ben Laden quelques mois avant le 11 septembre), il est basé depuis 20 ans à Beyrouth (où sa terrasse depuis un immeuble de Hamra donne, paraît-il, sur la corniche). Hanté depuis l’enfance par la guerre, ayant fait ses armes en Irlande du nord, il a ensuite « couvert » l’Afghanistan, le conflit Iran/Irak, la guerre du golfe et l’invasion américaine en Irak, la guerre civile libanaise, et ses interminables séquelles, sans oublier le conflit israélo.palestinien. Ce livre, tout comme Liban, nation martyre et The Age of the warrior qui lui font suites, passe au bain révélateur les enjeux mondiaux actuels. A Redinorep qui se demandait comment un seul homme pouvait avoir baigné autant d’années dans l’horreur sans sombrer mentalement, une copine libanaise répondait récemment qu’elle avait vu Fisk ingurgiter plus d’alcool en une matinée qu’un seul être humain sur une période d’un mois.

Philippe Garnier, Freelance, Flammarion, 2009.

Mort d'un mot: Pigiste. Où comment l’un des plus éminent journaliste français exilé à L.A. rend hommage à son ami Grover Lewis plume oubliée du Rolling Stone des années 70. Freelance est le mausolée de Grower Lewis mais aussi celui d’un métier, le journalisme indépendant, qui n’aura pas survécu à ses artisans. Dernier des mohicans, Garnier nous offre aussi un autoportrait en creux. Livre de l’année, haut la main.


Chuck Pahlaniuk, Lullaby, Vintage, 2002.

La culture populaire (celle du peuple, pas la culture pop) d'une debut d'une decennie appartient toujours a celle qui la precede. Les avants-gardes croient elles participer au mouvement inverse. Il est facile de hurler avec les chiens et qualifier Pa-Pahlaniuk d'auteur nineties. D'autant plus que les chiens ont raison. Culturellement, Pahlaniuk n'etait plus important en ces 00's, son grunge litteraire (realisme onirique trash) semblait bon pour le placard. Ce beau (et muscle-tellement...80's tout ca) prototype de l'auteurundergroundasucces aurait pu essayer de rattraper le temps qui fuit, changer la recette, ou du moins essayer. Non, il raffinera son truc, et donnera les (ses) deux meilleurs romans dans leur (son) style, celui-ci et Rant avant de se perdre un peu en fin de decade. Bientot, c'est a dire presque deja, Pahlaniuk nous rappellera notre jeunesse mais je ne parierai pas sur son absence dans les 50 meilleurs livres des 10's.


Iain Sinclair, London Orbital, Vintage, 2002.

Si l'on me demandait quel ecrivain serait Londres (c'est a dire un peu plus qu'etre londonien) ? Stewart Home, Colin McInnes, Robin Cook/Derek Raymond, et puis les classiques: Westerby, Silitoe, Kersh et son incroyable Night snd the City... Un Londres pluvieux, sale, beau comme seul les choses tristes le sont... Et bien sur l'Est (Soho n'est plus la pute qu'elle etait), l'Est et encore l'Est. Et la, On ne peut eviter Sinclair. Alors on aurait pu choisir son Hackney (pas encore digere) ou son precoce Lud Heat (trop tot), mais c'est le Greater London qui s'impose, son trip M25 qu'est London Orbital. Difficile de decrire Sinclair: entre reportage, histoire, psychogeographie, occulte, politique, hallucinations... Un vrai ton en tout cas, et un des meilleurs guide qui soit.

Conrad Williams, The Unblemished, Virgin books, 2008.

C'est en fait assez difficile de parler des bouquins "de genre" (ici "Horreur") quand on est pas specialiste du rayon concerne mais l'innocence permet d'eviter le discours "boutonneux". Une des idees derriere D in D etait justement que nous parlerions de livres sans que l'on nous donne la parole certes, mais sans que nous la prenions d'autorite non plus (nous nous sommes volontairement positionnes comme "non-critiques litteraires", essayons de ne pas reproduire leurs schemas autoritaires).
Il reste quoi a dire alors ici ? Simplement que cette histoire pourtant grand guignol (gore) a presque reussi a nous faire peur. C'est un peu leger comme fiche de lecture ? Ici justement non.


Mike Davis, Le Stade Dubaï du Capitalisme, Les Prairies Ordinaires, 2006.

Dubaï est aujourd’hui en faillite. Le « stade Dubaï » du capitalisme est donc advenu. Pour le reste, est-il encore utile de vous présenter Mike Davis? ancien ouvrier des abattoirs, ancien routier passé par le marxisme, il est devenu depuis 15 ans le plus lucide analyste post-moderne de l‘expansion « blade runnerienne » des mégalopoles, faisant voir comme personne ce que la Mégalopole -ce cauchemar de Quartz - recouvre comme exclusions sociales. On aurait pu craindre qu’il vire, au fur et à mesure des livres, cassandre professionnelle comme Paul Virilio (devenu un jour subitement gateux), mais non : chaque bouquin depuis l’indispensable City of quartz (paru aux USA à la fin des années 90) en passant par le Pire des mondes possibles, Petite histoire de la voiture piégée, et celui-ci (choisi presque au hasard) est là pour remettre les pendules à l’heure. Terrifiant mais juste. Terrifiant parce que juste.

Dominique Baqué : Histoires d’ailleurs (Artistes et penseurs de l’itinérance), Editions du regard, 2006

Plus connue pour ces études sur la photographie - La photographie plasticienne, l'extrême contemporain – et la question de l'image – Mauvais Genres : érotisme, pornographie, art contemporain - Dominique Baqué explore à travers une polyphonie de figures et de discours le thème de l'ailleurs au cours des 19e et 2O e siècles..
Depuis le détail de la fresque de Masaccio Adam et Eve chassés du paradis (circa 1425) - qui inaugure selon Daniel Arasse « une image de la marche humaine destinée à hanter, sous diverses formes, l'imaginaire européen pendant quelques siècles » -, en passant par les grands explorateurs de l'Orient, les errances de la Beat Generation, les exclus, les exilés, jusqu'aux « figures cheminatoires » - telles que les définit Michel de Certeau : marcher pour réactiver l'espace et réinventer l'ailleurs - l'auteure tente de cerner, à travers ces « histoires d'ailleurs », « le devenir en acte d'une pensée qui soit susceptible d'accueillir l'Autre : marcher, se décentrer, penser-autre ».

W.G. Sebald, Austerlitz, Actes Sud, 2002.

Les livres de Sebald (on peut aussi conseiller Les émigrants, Vertiges, De la destruction) ne ressemblent à aucun autre... Œuvres d'exception, ce sont de véritables curiosités où des documents - photographies, journaux, cartographies… - viennent scander le récit à la manière d'une investigation, d'une réminiscence...dans un vertigineux jeu d'érudition. A l'instar d'un archiviste, Sebald retrace avec minutie et patience la mémoire défaillante ou fragile de personnages hors du commun – ici celle d’un dénommé Austerlitz -, des déracinés, des fantômes à la recherche de leurs origines.
Mort accidentellement en décembre 2001, Sebald, cet exilé volontaire révolté par le silence de toute une génération sur les évènements de la Seconde Guerre mondiale en Allemagne, aura été hanté par une seule appréhension : la disparition.

Hedi Kaddour, Waltenberg, Gallimard, 2005.

Je l'ai offert a plusieurs personnes mais j'ai parfois l'impression que seul moi accroche vraiment... surement parce que c'est le livre le moins rock n'roll de cete decennnie, un fleuve tellement suranne qu'il en devient anti-conformiste. Litterature de genre et style ultra travaille (magnifique "faux naturel"), on n'aurait pas parie sur cette option "4e Republique" et pourtant... On y revient en parlant de Savoir-Vivre, son nouveau roman.

1 comment:

  1. Je lui trouve un petit coté Lee Marvin sur la photo, Alain Badiou...

    ReplyDelete