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Monday 23 April 2012

Saul Leiter - Colors - IDPure 2011


Je suis tombé par hasard sur ce catalogue, sur la table des livres d'art de la librairie de mon quartier. Je ne connaissais pas Saul Leiter, mais sa couverture typographiée a attiré mon oeil. Un beau jaune, un Colors rouge tronqué, quelle sorte d'art pouvait-on trouver dans ce petit livre ?

En l'ouvrant, j'ai cru retrouver ces peintures hyperréalistes américaines des années 1970/80 que j'aime en cachette, avec leurs vains hommages de peintres faussement classiques à la nouvelle reine photographie. Sauf qu'une lecture de la petite interview qui clôt cet ouvrage m'a offert ce twist définitivement "post-postmoderne", comme disait Devo dans un (mauvais) maxi des années 1980 : Saul Leiter est un photographe. Un photographe dont les images ont ces couleurs irréelles des premières pellicules chromatiques, et dont les sujets, qui s'étalent sur une décennie, 1950-1960, sont des détails infimes de paysages, de personnages, de villes (il n'y a que des villes ici) que nous, les habitants du XXIème siècle, ne connaissons qu'en noir et blanc.

Au hasard des pages, on trouve un soulier posé sur une banquette de train, au bout d'une jambe qu'on ne voit pas. Des murs recouverts d'affiches multicolores. Des passants anonymes, flous et lointains. Des fenêtres, des quantités de fenêtres, embuées, obturées, ouvertes, fermées, vues de l'intérieur, vues de l'extérieur. Parfois, un buste de femme, nu, entraperçu à travers un rideau ou dans le reflet d'une vitre. Ou cette image sidérante d'une main sale, dont on découvre en regardant plus attentivement qu'elle enroule une tête face contre terre, au pied des marches d'un escalier métallique.

Tous ces clichés sont muets mais lourds de sens, de soupçon, comme une succession de scènes secrètes saisies à la dérobée par un espion ou un paparazzo. Ils sont tout ce qu'une photographie doit être : un cadre, un filtre, un regard.

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