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Wednesday 10 March 2010

Carl Johan De Geer, Long live the large family, 1970's

Collectionner les livres de photos est une folie plus grande encore que collectionner les disques rares. A New York, à cent mètres de chez Other Music, au 33 Bond Street, il y a Dashwood - un sous-sol. mais classe, boutique presque froide, où se bousculent raretés, indispensables du moment et un nombre affolant de bouquins importés du Japon (on en reparle très bientôt)... Dimanche après-midi, on pouvait pour 25$ se porter acquéreur d’un exemplaire (sur un tirage limité à seulement 250 unités) du dernier catalogue à allure de fanzine que Dashwood vient de publier : Long Live the Large Family. Soit 40 pages softcover, quatre photos noir et blancs par page, provenant toutes d’un premier bouquin de CJ de Geer (Med kameran som trost // The camera as a consolation) publié en 1980 au Danemark. De Geer a mené de front plusieurs vies : artiste, cinéaste, écrivain, créateur de vêtement, présentateur d’un show à la télé, éditeur d’une revue contre culturelle (Puss, qui doit vouloir dire Kiss) un peu gourou devenu vaguement sociologue sur le tard ou je ne sais quoi d’autre... il est peut-être quelque chose comme le JF Bizot danois ou sa caricature.
Je ne sais pas toujours ce que racontent exactement les 76 photos de Long Live the Large Family, je ne sais pas bien si ces enfants qui feuillettent une revue porno dans un bus sont de la même famille que ce sosie de Ricardo Villalobos qui tient un cahier de notes sur un rocher au bord de l’eau. Ni cette fille surprise sous la douche qui se couvre la bouche mais pas le reste, ni cette autre fille qui se lève un matin pour traverser une cuisine en désordre de son seul peignoir blanc, ni celui-là, gigolo maigre et arrogant, qui téléphone à poil et cet autre qui,en un arrangement arty terroriste, a apposé conjointement un appareil photo et une arme à feux. Je ne sais pas non plus qui dort/baise dans ce lit défait ou qui met des pièces dans ce vieux jukebox au fond d'un bar. Je sais juste qu’ils ont tous l’air d'évoluer dans la même ville (Copenhague, sans doute), et d’y vivre intensément la même aventure en noir et blanc : les communautaires années 70. Je ne veux pas en savoir plus, ne veux pas qu'on me dise les noms, les appartenances, les groupuscules, les fonctions. J’aime bien, en fait, que ce livre garde l’instantanéité de son mystère. Qu'il reste immédiat et lointain - anonyme et danois. Mardi soir, Carl Johan De Geer était à Dashwood pour signer les derniers exemplaires de ce petit livre. Mercredi matin, le site de la boutique annonçait l'objet comme d'ores et déjà épuisé.
Long live the dysfunctional family.






















Carl Johan De Geer, Long live the large family, Dashwood Books/ Boo-Hooray, NY, 2010

3 comments:

  1. Evidemment, tu as pensé à moi et tu m'as gentiment ramené un exemplaire, que je te rembourserai bien sûr !

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  2. Pas cette fois hélas (la tentation autour était trop grande, et j'ai quand même frôlé le crash boursier tout en renonçant à mille autres choses), mais je me dis depuis quelques temps qu'on devrait peut-être s'associer sur ces coups là, effectivement.

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