Je me demande comment les nazis accommodaient leur doctrine avec la beauté des Slaves : non seulement on trouve en Europe de l'Est les plus belles femmes du continent, mais en plus elles sont souvent blondes aux yeux bleus. D'ailleurs, lorsque Göbbels a eu sa liaison avec Lida Baarová, splendide actrice tchèque, il ne semble pas trop s'être posé de question sur la pureté de la race. Mais sans doute pensait-il que sa beauté fatale la rendait apte à la germanisation. Quand on songe au physique dégénéré de la plupart des dignitaires nazis - et Göbbels avec son pied bot en est l'un des plus beaux spécimens -, on ne peut que rire en songeant à cette crainte d' "affaiblissement de la race" qui les travaillait tant. Mais pour Heydrich, évidemment, c'est différent. Lui n'est pas un petit nabot brun, et son physique porte haut l'étendard de la germanité. Y croyait-il ? Je pense que oui. On croit toujours très facilement ce qui nous flatte et nous arrange. Je repense à cette phrase de Paul Newman : "Si je n'avais pas eu les yeux bleus, je n'aurais jamais fait une telle carrière." Je me demande si Heydrich pensait la même chose. (page 263)
C'est Bret Easton Ellis qui a eu la bonne idée de me conseiller ce Goncourt du premier roman.
Laurent Binet, HHhH, 2009, Grasset - 2011, Le Livre de Poche
Quand je suis allé interviewer le photographe Paul Graham à New York, le mois dernier, il venait tout juste de le terminer; c'est marrant que ce soit l'intelligencia new yorkaise qui se soit vraiment excitée sur ce livre.
ReplyDeleteOn peut alors se demander si l'intelligencia new yorkaise n'a pas moins de merde dans les yeux que l'intelligencia parisienne (Goncourt du premier roman, brrrrh !).
Delete(Le Livre de Poche, brrrrh ! bis)
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