Sunday, 5 April 2009
Sway : A Novel – Zachary Lazar – Little, Brown, 2008
Anger, Manson, Jagger. Ça sonne comme la bande-annonce du Eyes Wide Shut de Kubrick, l’alignement mélodramatique de trois noms mythiques – Kenneth Anger le cinéaste luciférien proto-psychédélique, Charles Manson le gourou démoniaque, Mick Jagger la pop star attirée par le diable. Et ça laisse craindre l’un de ces mauvais livres d’époque, tout en name-dropping et en anachronismes, pâtisserie étouffante enrobée d’occultisme pop, parce qu’un peu de satanisme sixties attire toujours le lecteur. Sauf que cette affiche un peu trop facile est en réalité un leurre : pour nouer les fils des trois histoires qu’il raconte – le voyage improbable des Rolling Stones des taudis de Londres à Altamont, les années d’apprentissage et d’apogée créatrice du cinéaste de Scorpio Rising, la montée de la folie paranoïaque de la Famille Manson – Zachary Lazar préfère se focaliser sur les figures oubliées de ces récits cent fois fantasmés : Brian Jones, le leader diaphane des Stones qui s’est fait voler son groupe ; Bobby Beausoleil, héros égaré du Lucifer Rising perdu d’Anger, et meurtrier lamentable de la première victime du gang de Manson ; et enfin, l’œuvre cinématographique de Kenneth Anger, ces fééries ésotériques que son statut de note de bas de page sulfureuse dans la biographie de Keith Richards ou de Jimmy Page – et de première commère d’Hollywood grâce de son best-seller langue de pute Hollywood Babylon – a fini par éclipser.
Sway tisse ainsi son histoire, d’un personnage à l’autre, de 1928 à 1969 (en terminant sur un flash-forward vingt ans après, conversation londonienne entre Anita Pallenberg et Kenneth Anger), en se concentrant sur ces moments d’intimité où s’est joué leur destin, qu’il entremêle de quelques moments forts de leur vie publique (les concerts de Hyde Park et Altamont) et d’évocations de l’Invocation of My Demon Brother, le court-métrage d’Anger de 1969 où les trois histoires s’entrecroisent, puisqu’on y retrouvait Bobby Beausoleil, Mick Jagger et Keith Richards. La réussite du livre tient dans son parti-pris réaliste : les personnages ne sont pas des figures mythologiques (comme l’étaient les Stones dans le Rose Poussière de Schuhl, par exemple), ils sont décrits à hauteur d’homme, et sans mystère. Ou plus exactement, sans mystère excessif, car, pour sa fiction, Zachary Lazar a su résister à la tentation facile de l’ésotérisme de bazar. Pas d’apparition de Satan, pas d’invocations magiques, pas de malédiction ; juste des coïncidences de date, des rencontres et des conversations ; mais suffisamment pour laisser l’esprit vagabonder, et imaginer quelque chose d’autre.
« We weren’t thinking, most of the time you knew us, dit Anita Pallenberg à Kenneth Anger, à la fin du livre. You never really understood that, how little thinking we were doing. » Et le cinéaste lui répond : « I thought you were beyond thinking. I thought you were interesting to watch. » Intéressants à regarder, et intéressants à lire. Sway ne montre pas autre chose.
They are pressed up against each other, front to front, and each of them has a hand buried deep in the warmth between the other’s leg.
Then Mick’s hand slackens and stills. His mouth is open and his eyes stare at Brian without recognition. They’re still holding each other in their hands.
There is a moment before the shame has time to register, and Brian closes his eyes, opting to continue, but Mick takes his hand away and turns on his side, rolling over toward Keith on the other side of the bed. It occurs to Brian then that he has been deceived, that Mick has been awake this whole time, and now he is awake himself, unable to move.
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