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Sunday, 16 January 2011

Marilyn Monroe, Fragments 1943-1962


















Fascinante, sulfureuse, artificielle.... Au-delà des clichés de la pin up blonde platinée, pur-produit des studios Hollywoodiens, Marilyn incarne le paroxysme de l’énigme. Elle écrivait. Ces fragments - lettres, journaux intimes, notes prises aux hasards et poèmes - illustrent la dualité de cette actrice hors norme, dressent le portrait intimiste d’une femme à l'inquiétante fragilité. La prose est ensorcelante et hypnotique. Assurément dépressive : icône tragique des années 50. Comme produits par elles, pour elles. Et sacrifiée comme telle.
Devenue comédienne un peu par hasard, Norma Jeane Mortenson connut une ascension fulgurante à laquelle elle n’était mentalement pas préparée, et qui ne fit qu’accroître un malaise développé depuis l’enfance. Une jeunesse difficile faite de rejet, une relation névrotique avec la mère seront à l'origine du sentiment d'abandon et d'angoisse qui se lit en filigrane dans ses écrits.
Calmée aux barbituriques, épaulée tant bien que mal par la psychanalyse, Marilyn écrivain lutte ici avec ses propres mots pour ne pas sombrer dans l'abîme où sa psyché voudrait l'enfermer... Journal d'une prisonnière, analyse sauvage plus encore, fragmentaire et continu, il nous plonge au coeur de la vie intérieure de cette femme lunaire - cette « femme radieuse » telle que la nommait Truman Capote -, qui lutta quotidiennement contre elle-même et n'eut de cesse à transformer en mots la réalité.
Mystérieuse, poétique, curieuse, mais aussi fragile.... La voilà, la véritable Marilyn, telle que révélée par ses écrits. Une Marilyn éprise de littérature – lisant ses contemporains Carson McCullers, Blixen, Nabokov, Beckett, Pavese, Kerouac, dévorant les classiques Dostoïevski, Kafka, Rilke-, de poésie, mais aussi de peinture. Les Peintures Noires de Goya en lesquelles elle se projetait: «Je fais les mêmes rêves depuis que je suis enfant». Sa vie ressemble à une fiction dramatique, une vie faite d'isolement volontaire - tout comme le fut celle de la poétesse Sylvia Plath enserrée dans « sa cloche de détresse ». Et en cela, désaxée... Il faut revoir la dernière scène des Misfits de John Huston - que je tiens pour son chef d'oeuvre fatal- où éclate la solitude, le désespoir d'une femme Roslyn - soeur jumelle de Marilyn?- Une paumée, perdue dans l'immensité du désert qui hurle son mal-être. John Huston dira d'elle : « Elle était merveilleuse. Elle ne jouait pas. Elle vivait vraiment son rôle. »
Poursuivre une chimère… Marilyn a désespérément cherché sa place dans le monde, a appelé à l'aide... Help! - Titre d'un de ses poèmes. Trop tard.


















« Help
After one year of analysis

Help help
Help
I feel life coming closer
When I all want
Is to die

Scream –
You began and ended in air
But where was the middle ? »
(1956)



...


« I can and will help
myself and work on
things analytically no
matter how painful – if I
forget things (the unconscious
wants to
forget – I will only try to remember)
Discipline – Concentration

my body is my body
every part of it. »
(1955).


Marilyn Monroe, Fragments (poèmes, écrits intimes, lettres), Editions du Seuil, 2010.

5 comments:

  1. Et relire "Une enfant radieuse" de Truman Capote, sans doute le plus beau texte écrit sur Marilyn...

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  2. Hello et bonne année à vous toutes et tous !

    Marilyn Monroe : C'est marrant la coïncidence mais je lis aujourd'hui ce post sur elle alors qu'hier je publié le mien sur l'excellent film "Poupoupidou", œuvre parlant d'elle, même très indirectement. Mon blabla est ici : http://muziksetcultures.over-blog.fr/article-poupoupidou-de-gerald-hustache-mathieu-65215956.html

    Bazooka, tu as je pense très bien définis cette icône par le mot : dualité !!!

    A +

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  3. On peut lire ce merveilleux texte de Capote sur Marilyn dans le receuil d'articles et de nouvelles "Musique pour caméléons"... Un livre que j'ai découvert chez toi chère Karine!!!

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  4. Tu veux dire à l'époque où une partie de ce blog vivait en communauté Boulevard de Strasbourg?

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