ça commence comme ça:
"Je hais les meubles et les clowns.
Mon père m'a emmené au cirque, une seule fois, en mai 1922, et nous sommes ressortis presque immédiatement. Tout était si consternant. Et les clowns tellement macabres!
Et après la disparition de ma mère, en mars 1925, on a à peu à peu jeté toutes les chaises, armoires, tables, tabourets et chiffonniers jusqu'à ce que la maison soit pratiquement vide.
J'ai commencé à fumer à onze ans. des Wings, une marque américaine. Herr Dorpmuller nous en donnait chacune un paquet, à Lisa et à moi, chaque fois qu'on le laissait nous emmener dans son arrière-boutique de la Ludwigstrasse. On déboutonnait notre corsage pour lui montrer notre gorge et il se teanit là, devant nous, ses mains en mouvement dans ses poches, grognant et reniflant.
On s'y rendait le lundi et le vendredi.
Puis Lisa est partie à Dresde. Comme je redoutais de l'affronter seule, j'ai arrêté de fumer.
Lisa s'est pendue à Berlin, en 1945."
et ça ne s'arrêtera pas.
Pour son premier roman, Marc Behm fonce dans la grande histoire comme d'autres dans un mur. Pied au plancher. Aventures, tortures, pornographie et croix gammées, tous les ingrédients sont là pour perpétuer une tradition littéraire née des charniers: la nazisploitation. On y reviendra.
Marc Behm, La Reine de la nuit, traduit par Nathalie Godard, Rivages, Paris, 1998
Tuesday 14 February 2012
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