"Contempler ces stiffs autour de leurs feux, c'est regarder un cimetière. C'est à peine s'il y a de la place pour circuler entre les tombes. Pas d'épitaphes gravées dans le marbre par ici. Les épitaphes sont ces sillons qui creusent leurs joues. ces hommes sont des morts. Le jour, ce sont des fantômes qui errent dans les rues. La nuit, ce sont des fantômes qui dorment enveloppés dans le journal d'hier, en guise de couverture. Ce sont des fantômes qui gémissent et qui s'agitent pendant toute la nuit. Je les observe. De temps en temps, une tâche blanche se lève du sol. C'en est un qui ne peut pas dormir à cause des rats et du froid. C'est un fantôme agité. À moins que cela soit les crampes qui rongent l'estomac, qui l'empêchent de se reposer et de dormir. Le sol est dur. Dur et humide. Il y a bien des choses qui empêchent un fantôme de se reposer, dans cette jungle. Moi-même, je suis un fantôme agité."
Tom Kromer, Les vagabonds de la faim, Christian Bourgois, 2000
Thursday 26 August 2010
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Un des plus beaux textes sur la dépression (celle de 36, hein...) Louez soit Karine Charpentier (et un peu Philippe Garnier qui a pas mal aidé à faire connaître ce livre en France).
ReplyDeleteMais oui, c'est évidemment la lecture d'Honni soit qui Malibu qui m'a mise sur la piste, ainsi que sur "l'incendie de Los Angeles", autre grand bouquin, un été sous le signe de Garnier!
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