Je ne le connaissais pas (j’avoue). En dos de couverture, il est dit que son premier roman Tideland avait été adapté en 2005 par Terry Gilliam (comment pourrais-je le savoir ? il n’y a pas un cinéaste au monde qui me fatigue autant). Il s’agit de 16 chants. Dégorgés sous forme de psaumes (ce qui renforce l’aspect illuminé du truc), seize chants de haine pure récités par le sheriff d’un bled du Texas baptisé Claude (à Ploucland, il y a rien à faire) - le sheriff, quant à lui, s’appelle Branches. Tout du long, il s’adresse à Danny, l'ado qui est en train de se noyer sous ses yeux dans un puits – Danny est le fils de sa compagne, et c’est Branches en personne qui l’a poussé dans le trou.
Vers après vers, à la façon d'un apostolat redneck, Mitch Cullin s'enfonce délicatement dans l’horreur viscérale, comme ces alcoolos qui attendent qu’il ne reste qu’un fond de liquide pour fourrer leurs doigts dans la bouteille à la recherche du Secret. Stylistiquement parlant, cela fait un peu le même effet coup de sang que lorsque vous avez entendu Birthday Party pour la première fois (il n’est d'ailleurs pas impossible que Mitch Cullin soit l’écrivain que Nick Cave envisageait d’être). Quelque chose comme du Jim Thompson en vers libre. Les fans de Lee Marvin et de Donald Ray Pollock viennent de se trouver un nouvel ami.
«Bootlegger,
distille ton breuvage
dans le garage
et ingurgite-le
dans ton salon
pendant que tu berces l’enfant
dans tes bras sales;
Mais d’abord,
fais-moi une orgie de gnôle
qu’est juste un peu plus forte
que du pétrole.
Demain
t’en sortiras aveugle.
Mais d’abord,
torche-toi à l’alcool
pour t’assurer de son effet.
Puis sois bien comateux
et mauvais (…) »
Mitch Cullin, King County Sheriff (Branches), Permanent press, NY, 2000, et Inculte, Paris, 2011, traduit de l’anglais (USA) par Yoko Lacour, 137 pages.
Thursday, 10 February 2011
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