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Saturday, 31 December 2011

Pornochio's 2011 fave photobooks

Huit japonais, deux portugais, un polonais errant dans Amsterdam, une hollandaise, un norvégien, un napolitain, trois américains et un manifeste : il y a des années comme ça où l’on pourrait presque ne parler que de livres de photos. 2011 aura été cette année-là, pour moi…

Valerio Spada : Gomorrah Girl (Cross éditions) Premier livre d'un jeune italien surtout connu jusqu'ici pour ses photos de mode, Gomorrah Girl part du meurtre d'une adolescente pour réussir à montrer toute l'adolescence italienne. La rumeur veut que sa nomination dans la short list été 2011 de Martin Parr ait épuisé en quelques jours ce livre sorti en mars. Pour une fois Believe the hype: ce livre vaut avant tout pour la qualité et l'intensité de son immersion dans le quartier le plus violent de Naples. Le résultat impressionne autant par sa mise en page (secrète) que par son approche documentaire, dépourvue de sensationnalisme. Où l'on s'aperçoit aussi que les deux "tubes" de l'année (ce livre-ci et le Redhead Peckerwood de Christian Patterson) partent l'un comme l'autre d'un fait divers qu'ils déconstruisent tout en épousant un paysage et des codes sociaux inséparables de la violence qu'ils produisent.

Koji Onaka : Umimachi (Super Labo)
Koji Onaka, juste l’un des plus grands photographes japonais vivants, ressort soixante-dix photographies noir et blanc datées du début des années 90 de cinq villes emportées depuis par le Tsunami du 11 mars. Ouvrez ce livre sur n’importe quelle image, et laissez vos larmes monter.

Takuma Nakahira : Magazine Work 1964-1982 (Getsuyôsha)
700 pages, réparties en 65 séries, de Nakahira publiées dans la presse japonaise des années 60 et 70! La contamination Provoke à l’œuvre. Imaginez quelque chose comme sept fois For a language to come. Le génie à hauteur d’overdose. On y revient vite.

Christian Patterson : Redhead Peckerwood (MACK)
Les objets, les ciels et les espaces de l’Amérique redneck. Mythologie américaine en fin de course. Las fans de Badlands apprécieront. On en reparle ici.




José Pedro Cortes : Things here and things still to come (Pierre Von Kleist)
André Principe : I Thought you knew where all of the elephants lie down (Pierre Von Kleist)
Choc en début d’été pour les éditions Pierre Von Kleist, basées à Lisbonne, et tenues de man de maître par deux jeunes photographes José Pedro Cortes et André Principe. Tout ici, le talent, la façon de penser les livres, de les maquetter, est brillant, humble, moralement cohérent. On attendait pour en parler plus longuement que sorte enfin le Things here… de Cortes, sur ses neuf mois passés à Tel Aviv. C’est fait (depuis novembre), ce qui veut dire pour nous un long post (et pourquoi pas une interview ?) dans les semaines qui arrivent. (ps: sublime aussi, le White Noise d'Antonio Julio Duarte, sur les casinos de Macao, également sorti chez Pierre Von Kleist en novembre)


Seiji Kumagai : Spring 2011 (autoproduit)
Je dois la découverte de ce petit livre mince, mais si grand, à Laurence Vecten, du blog oneyearofbooks, qui le proposait dans son stand magique durant off print. Les couleurs belles mais pourtant malades d’un printemps 2011, au Japon.



Manifeste « From here on » + Mishka Henner : No man’s land (Blurb)
Le manifeste arlésien de Parr, Cheroux, Fontcuberta, Kessels, Schmid a incontestablement marqué l’année. Constatation faites qu'un an après sa parution, l’hallucinant ANAP de Doug Rickard (200 ex only) a provoqué une révolution de palais sans précédent dans l’histoire de la pratique photographique. Ici, la théorie lui emboîte le pas. Pas que la théorie d’ailleurs, puisque d’autres photographes, Mishka Henner en tête, se perdent (joliment) le long des trottoirs de google street view…


Alec Soth : La Belle dame sans merci (Punctum)
L’ami Crocnique n’a pas aime ce livre, moi si, mais de façon imprévue, Soth n’ayant jamais été jusque là en haut de ma wish list. Par ailleurs, un des livres les plus rares de l’année, quasi instantanément épuisé.


Keizo Kitajima, : Photo Express : Tokyo
Magnifique reproduction en fac-similé (à la faveur d’une belle saison japonaise au BAL) des deux premiers volumes du magazine produits chaque mois de l’année 1979 par Kitajima lorsqu’il vivait pour ainsi dire dans la galerie CAMP à Tokyo. On attend avec impatience les dix autres. Pour la saturation pop des noirs et blanc, entre autres choses…



Kazuki Watanabe : Porktraits (Shi No Go)
J’aime les livres cochons. Je ne pensais pas aimer un jour un livre uniquement sur les cochons. Groin.



Bertien Van Manen: Let's sit down before we go (Mack)
Le climat de froid n'enlève en rien à la sensualité de ces images prises entre 1991 et aujourd'hui en Russie, Ukraine, Georgie. L'éditing et la mise en séquence sont de Stephen Gill. Pur bijou. (MACK a fait très fort cet automne, entre le Christian Patterson et ce livre-ci. Best editor in London, so far...)



OsamuKanemura: Stravinsky Overdrive (Super Labo)
Sorti fin 2010, on triche un peu, à 500 ex (ha ils savent comment nous tenir) d’un tout petit livre d’Osamu Kanemura qui une fois encore regarde l’architecture du Japon comme s’il s’agissait d’une toile saturée de Jackson Pollock. Si vous le découvrez à peine, essayez, par tous les moyens, de trouver son My name is shockhammer paru, en grand format, chez Osiris en 2008.


Adam Etmanski : Like a kife cutting an apple (autoproduit)
Photographie anonyme, photographie vernaculaire, tout ceci est dans l’air aujourd’hui. Mais peu savent construire avec cela quelque chose qui possède la violence viscérale d’Adam Etmanski. Ce livre, coupant, recouvert au papier de verre, lui ressemble. Humainement, ce fut aussi une des plus belles rencontres de cette année. Quelques exemplaires au BAL, à Paris (where else ?).

Nobuyoshi Araki : Theater of love (Taka Ishii)
Araki, en 2011, vraiment ? On se calme. En 1965, Araki a vingt-cinq ans et travaille pour une agence de pub. La nuit, il fait des tirages en douce de ses travaux persos. En 2010, lors d’un rangement, il retombe sur une boite Fuji contenant 120 photos de cette époque restées inédites. Toutes à couper le souffle, toutes humaines. A mon sens, presque son livre le plus beau, à ranger avec son Sentimental Journey de 1971 : impossible de s’en détacher.

Morten Andersen : Black & Blue (Shadow Lab, 2011)





Oslo intensity. En attendant les deux Antoine d'Agata prévus pour 2012.


Lewis Baltz: Candlestick Point (Steidl) Baltz, de son propre aveu, a toujours rêvé d’être Antonioni. C’est presque fait avec ces photos de la fin des années 80, dans un chantier naval désaffecté des environs de San Francisco.

Kawaguchi Kazuyuki : Only Yesterday (Sokyu- Sha)
Trésor exhumé de la photographie documentaire de la toute fin des années 70. Incisif, fourmillant, et émouvant neuf fois sur dix. Une question (en passant): Pourquoi les japonais savent-ils mieux séquencer un livre de photos que le reste de la planète (je ne vois que les hollandais pour, à la limite, rivaliser) ? Hein, pourquoi ?

5 comments:

  1. Ayant déjà les 2 Magazine Work de Moriyama, je me dois d'acquérir celui de Nakahira, on est bien d'accord !
    Great selecta ! La tournée au Japon a été visiblement fructueuse.

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  2. Oui, de quoi alimenter le blog pour les trois prochains mois. reste plus qu'à écrire les post (rires).

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  3. Effectivement,jolie moisson!

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  4. koji onaka expose à la rochelle actuellement

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  5. OUi, je viens de voir passer l'info. Expo jusqu'au 12 février. On va reparler assez vite de Onaka sur DinD, mais je ne sais lequel choisir: Tokyo Candy Box sans doute... (mon préféré, mais ils sont tous biens).
    lezard Noir, si tu es à La Rochelle, pense à nous dire comment tu trouves cette expo.

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