Wednesday, 11 April 2012
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Pix : Wallace Berman
« C’était le 10 avril 2003 et Keith lisait le journal au café. Bagdad était tombée. Ce nouveau combat, entre l’islam et la chrétienté. La pensée infantile mais persistante de Keith (qui venait du poète écrasait en lui) était quelque chose comme : Mais on s’entendait si bien avant, les croyants et les infidèles… Ce n’était pas vraiment une guerre entre différentes religions, ou entre différents pays. C’était une guerre entre différents siècles. Comment les historiens du futur l’appelleraient-ils? La Guerre du Temps, peut-être, ou la Guerre des Horloges.
La police secrète du régime qui venait d’être abattu avait pour nom Jihaz al-Haneen. Elle incluait le corps des tortionnaires – dont les agents étaient des érudits de la douleur. Pourtant, Jihaz al-Haneen se traduisait par l’instrument du désir. Cette expression ne faisait sens pour lui qu’en tant que description du corps humain.
Sa blessure l’attendait au tournant, un autre type de blessure, dans le château en Italie. C’était le contraire sensoriel de la torture. : Elle – ses pinces de délice, ses lèvres, le bout de ses doigts. Et que restait-il par la suite ? Elle – ses menottes, ses fers chauffés à blanc.
C’était ici et tout autour d’eux. Que devaient-ils faire les jeunes ? La réaction au profond changement, à la réorganisation du pouvoir : voilà la chose qu’il commençait à traverser en tâtonnant, ainsi que des centaines de millions d’autres personnes. C’était une révolution. Et nous savons tous ce qui se passe dans une révolution.
On voit ce qui s’en va, on voit ce qui reste, on voit ce qui vient. » (p. 85-86)
Martin Amis, La veuve enceinte : les dessous de l’histoire, Ed. Gallimard, 2012.
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