Cette chronique restera de signalisation, il est difficile de bien (au sens de faire un beau texte sur) en parler: son poids reside dans les details, le style importe peu. Tant mieux presque parce que c'est dans la froideur que l'investigation prend a la gorge.
Rien de tres nouveau et tres frime chez McCoy, juste la mise en lumiere effrayante de la Real Politik (pas seulement americaine) que constitue l'articulation d'une War on Drugs hypocrite et de l'utilisation des agents/argents du traffic pour le financement et l'organisation de la lutte inavouee contre les ennemis du monde libre.
Le livre aurait pu etre destine directement a la poubelle Conspiracy Theories. Mais il ne'st pas assez flemmard et vague pour ca (170 pages de notes ca fait beaucoup pour un redneck/geek illumine)... Et puis, c'est aussi la pluie de merde administrative (these annullee, vexations multiples, garde a vue= effrayante preface du bouquin) tombee sur McCoy entre 1972 et 2003 qui temoigne en sa faveur... Mais finalement, c'est de se voir decortiquees scientifiquement des scenarios paranos (le bouquin rappelle Pakula ou Frankeinheimer plus qu'autre chose), des trucs tellement rabattus qu'ils en etaient devenus presque du folklore pseudo-historique: les corses en Indochine, Air America, la deferlante blanche in the UK apres l'ouverture des canaux pour financer la resistance afghane (j'en discutais recemment avec quelqu'un qui a vecu le truc de pres, le milieu punk londonien fut decime en 6 mois), l'apparition du crack aux USA, le contragate.. Etc etc..On en viendrait presque a rever, en glissant justement vers la conspiration, que cette mise en abime hollywoodienne de l'histoire noire de nos gouvernements, meme celle denoncant fut elle aussi planifiee. Et que McCoy paya cher son petit travail de detective... Mais je m'egare, pas la peine d'en arriver la pour avoir froid dans le dos...
Comme le New Journalism (autre renvoi), mais d'un autre angle, The Politics of Heroin fait aussi un clin d'oeil au roman. On peut le voir comme ca ... Sans que cela ne lui enleve sa valeur scientifique. Et comme avec The Narcotic Farm,la meme rengaine, cette vieille scie ce dont on a tristement l'habitude: les victimes sont toujours les memes. Et, bien sur, on attrappe rarement les vrais mechants...
"At 6.00 pm, an aide ushered me into a darkened hearing room beneath the Capitol dome, the gold leaf on the walls glittering in faint light. As I summarized my findings, the senator, face shrouded in darkness, cut me off with a tired tremolous voice, saying that he had known about the CIA complicity in the drug trade for years, years. But it was hopeless, hopeless. Nobody, nobody, he said, could do anything"
preface p. xx
preface p. xx
Alfred W.McCoy, The Politics of Heroin, Lawrence Hill Books, 1972. rev 2003. Traduit en 1992 chez Flammarion sous le titre La Politique de l'Heroine en Asie du Sud-Est, donc ne comprendra pas les revisions eclairantes de l'edition anglaise.
"L'histoire n'est pas finie, il faudrait, pour cela, qu'elle ait notre accord." (elle n'est, hélas ? tant mieux ?, pas de moi.)
ReplyDeletele truc tres etrange que l on constate ces derniers mois, c est le nombre d articles en faveur de la libre circulation des drogues parus dans la presse neo liberale (the Economist en tete). Credo : il y a la un marche enorme et pas question de le laisser aux dealeurs ou aux etats plus ou moins ouvertements impliques. la legalisation de la dope est devenu le nouveau cheval de bataille des ideologues de droites, surtout aux usa. Quand ton dealer devient le sujet d un think tank, c est qu un nouveau seuil a ete atteint...
ReplyDeletemay i ? "La France vit sous un nuage de shit, les flics sont les premiers à le savoir.", Guillaume Dustan", cit. in "Nicolas Pages", Balland / Le Rayon, p. 283. ce livre, ainsi que tous les GD jusqu'à "Génie divin" montre si j'ose dire à quel point c'est une vaste hypocrisie ce "problème" de la drogue... la dernière campagne INPES est d'ailleurs à ce titre un chef d'œuvre de désinformation...
ReplyDeletepas mal aussi, l'itw de GD chez Ardisson, face au Père La Morandais.
quant au commentaire précédent, je suis d'une certaine manière content de voir que cela soit enfin l'objet d'une réflexion. même si je déplore qu'elle vienne de cabinets comme Heritage, par exemple, je suppose... qu'est-ce que ça va donner, si alain minc se met à se taper des fix dans une perspective économique et de marché...
J'offre direct le bouquin à Jean-Claude (private joke)
ReplyDeleteTu trouves pas que Jean-Claude est déjà suffisamment parano....
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