Friday, 2 October 2009
(Nouveau) Journalisme (1) : The New Journalism, Anthologie de Tom Wolfe et EW Johnson, Harper & Row 1973
Comme beaucoup ici, j’ai lu cet été le Freelance de Philippe Garnier. Je ne reviendrais pas sur le livre (je l’ai fait en longueur le mois dernier sur www.chronicart.com), mais sur cet objet bizarre qu’il ressuscite merveilleusement : le Nouveau Journalisme, à travers la fameuse anthologie de Tom Wolfe. J’avais découvert l’existence de ce livre au début des années 1990, en lisant Hunter S. Thompson, qui se vantait d’être le seul journaliste à y avoir deux textes publiés, mais il aura donc fallu plus de 15 ans pour qu’enfin je me décide à mettre la main dessus.
En 1973, ce livre était d’abord un fantastique coup publicitaire de Tom Wolfe, qui se posait ainsi en prophète de cette nouvelle secte littéraire (le livre se referme sur un extrait de son célèbre article « Radical Chic »). Mais relu aujourd’hui, son introduction apparaît surtout comme une auto-célébration verbeuse et théorique. Les seuls moments où Wolfe se montre vraiment intéressant sont d’ailleurs ceux où il abandonne la théorie pour retrouver son métier de journaliste : lorsqu’il parle de ses débuts avec Jimmy Breslin (qui recevra plus tard la correspondance délirante de David Berkowitz, alias Son of Sam), et dans ses petites anecdotes avant chaque article de l’anthologie (John Sack qui, après avoir été accusé d’avoir inventé les pensées qu’il mettait dans la tête de ses GIs au Vietnam, les retrouva tous et leur fit confirmer que tout ce qu’il racontait à leur propos était exact).
L’anthologie donc : on y trouve de tout (interviews, portraits, reportages de guerre…), sur tous les sujets (Hollywood, Nixon, la macrobiotique…), avec presque tous les usual suspects (Norman Mailer, Hunter S. Thompson, Joan Didion avec un extrait de L’Amérique…) – mais pas Grover Lewis, ni aucun « critique rock » (les tristes Christgau et Goldstein y sont représentés par leur travail journalistique antérieur à leur mue rock’n’roll), signe que les Meltzer, Bangs & Co. étaient alors encore plus bas dans l’échelle de la respectabilité littéraire.
Mais ce n’est pas grave : le livre est plein de moments de bravoure et il se lit comme une sorte de magazine idéal, en picorant ici ou là selon l’humeur et l’envie. On y trouve la folie et les brumes de la jungle vietnamienne dans l’article de Michael Herr sur le siège de Khesanh ; Ava Gardner en train de se cuiter en interview ; les gonzoteries de Thompson ; Joe Eszterhas à l’époque où il était d’abord un journaliste spécialiste des articles-fleuves ; et le légendaire article où George Plimpton se fait démonter la gueule sur le terrain des Detroit Lions, avec qui il jouait un match exhibition. Autant d’exemples qui expliquent pourquoi, quand on me demande ce que je lis, je réponds : « du journalisme, principalement ».
Extrait de Paper Lion de George Plimpton (ou comment expliquer le football américain à un ignorant en deux phrases) : “the play patterns run with such speed along routes so carefully defined that if everything wasn’t done right and at the proper speed, the play would break down in its making. I was often reminded of film clips in which the process of a porcelain pitcher, say, being dropped by a butler and smashed, is shown in reverse, so that the pieces pick up off the floor and soar up to the butler’s hand, each piece on a predestined route, sudden perfection out of chaos.”
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