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Disorder in Discipline-



Saturday, 16 January 2010

Quote



"Mardi Gras vient de se terminer à La Nouvelle-Orléans - d'y penser, ça me rappelle Don Castle, le tatoué que j'ai rencontré un soir sur la plage d'Oak Street, à Chicago - puis recroisé par la suite à la Nouvelle-Orléans.

C'était un personnage assez étrange - un ancien camé qui bossait dans les freak-shows, et un poète - entièrement tatoué, depuis une ligne qui lui ceignait le coup, comme un collier, jusqu'aux poignets et aux chevilles. Il avait une grande rose rouge tatoué sur le pénis, et il adorait en parler - décrire par le menu l'inconfort et la douleur qu'il avait endurés quand il se l'était fait faire.
(...) C'était un homme seul, et il évoquait souvent avec attendrissement la période où il faisait le Tatoué dans un parc d'attractions ambulant - il connaissait l'homme-caoutchouc - la femme obèse - la femme à barbe - l'avaleur de sabres - le charmeur de serpents - le mangeur de poules - les nains - les gens du cirque - les débardeurs - les clowns - les dresseurs de fauves - les funambules - les trapézistes - toutes sortes de gens qui gravitaient dans l'univers forain. Pour une raison ou pour une autre, il avait plaqué tout ça - et n'avait plus aucun contact avec le seul élément dans lequel il se sentait à l'aise. Il restait flou sur ce qui s'était passé mais j'ai déduit, à partir de bribes de conversations, qu'il s'était mis à prendre de la came - pour finir, il était tombé accro et avait eu maille à partir avec la flicaille - fait de la taule. Quoi qu'il en soit il avait le sentiment qu'il ne pouvait pas y retourner." (p.38)

Herbert Huncke, Le Tatoué (1980), in Coupable de tout et autres textes, traduit par Héloïse Esquié, Seuil, Fiction & Cie, 2009.

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