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Disorder in Discipline-



Monday, 15 February 2010

50 for 10-finale

Suite et fin des 50 livres de la décennie version D in D. on vous renvoie au premier post de la série pour une liste complète, inclus les livres dont nous avions déjà parlé dans D in D. Cette liste fut réalisée par Pornochio, Karine Charpentier, xgatitox, Bazooka et Pierre Evil. On attend vos commentaires pour ceux que vous estimez manquer...


Jon Savage, Teenage- The Creation of Youth 1875-1945, Chatto & Windus, 2007.

Avec Marcus, le pape archiviste/compiler/historien des subcultures en Angleterre. Autorite sur la periode punk et sur la gay pop (joli cd), Savage sort un peu de ses sentiers battus underground pour tendre vers le legitime et les 80 pages de notes). Et oui, on remonte plus loin, on sort de Londres. Le fait que Savage s'arrete la ou generalement on commence rend le livre assez lumineux, son ton mi-universitaire, mi-autodidacte rock n'roll fait le reste. Et c'est justement, comme avec le Alex Ross, le transversal qui fait eviter l'infinitesimal nerd assez enervant pour le lecteur ayant passe 35 ans. Toutes ces histoires vraies (pas si connues) font un vrai livre d'histoire. On apprend, on apprend. Et presque en chantant.


Simon Reynolds, Rip it up and Start Again, aliia, 2007.

L’histoire du post punk de 1978 à 1984. Dans l’œil du cyclone, Simon Reynolds l’un des derniers grand rock critique, se demande si, entre expérimentions et pop, les véritables artificiers du rock ne furent-ils pas plutôt les héritiers que les pionniers.


Tim Brooks, Lost Sounds / Blacks and the Birth of the Recording Industry 1890-1919 (University of Illinois Press 2007)

Epais, austère, bourré de notes et présenté dans un emballage qui évoque davantage un manuel d’économie que le NME, Lost Sounds est un pur produit de cette bibliothèque d’Alexandrie moderne, l’université américaine. Où la géographie (sub)culturelle des Etats-Unis est minutieusement cartographiée par des érudits qui, de temps en temps, délivrent un catalogue de merveilles et d’histoires tel que Lost Sounds, recensement aussi exhaustif que possible de tous les enregistrements réalisés par des Noirs américains entre 1890 et 1919. En ces temps lointains, tous les enregistrements étaient exceptionnels, qu’ils saisissent un numéro de music-hall, un concert philharmonique ou un discours politique, et plus encore si leurs protagonistes étaient des Noirs, à l’époque de Jim Crow. En passant d’un enregistrement à l’autre, Tim Brooks nous offre ainsi un panorama baroque de l’Amérique du début du siècle, entre basse et haute culture, entre racisme et libération, entre Booker T. Washington, le respectable avocat de l’émancipation graduelle de son peuple, et George Washington Johnson, la star des minstrel shows des années 1890, dont le « désopilant » numéro The Laughing Coon fut le premier tube noir de l’histoire (Brooks nous apprend que, parce que les cylindres ne pouvaient être produits qu’en très petite quantité, Johnson enregistra ce morceau à l’hilarité navrante des milliers de fois). On croisera également le grand Jack Johnson, narrant son combat légendaire contre le « grand espoir blanc » Tim Jeffries, des chanteurs d’opéra noirs (remontant en sens inverse la route du métissage musical), des troupes de Negro Spirituals finançant des universités noires, et des quantités d’autres histoires d’un autre temps. Un double CD a été publié en 2007 par Archeophone. Son livret constitue une bonne synthèse pour ceux que rebuterait la taille de ce monument.



Don de Lillo, Cosmopolis, Actes Sud, 2003.

Sans être le meilleur DeLillo (Les Noms, Mao II restent indépassables), on garde en mémoire, de ce texte court et glaçant racontant de façon analytique - postmoderne - le début d'une journée d’un homme d’affaire américain, des descriptions d’aubes admirées depuis la fenêtre de la chambre d’hôtel, des moments brefs mais étirés sur un chapitre entier, quelques lignes comme ça dotées d’une puissance d’évocation telle qu’elles peuvent vous donner la sensation physique de caresser la froideur métallique des algorithmes qui, chaque seconde, estiment la hauteur des cours boursiers. Devenu indispensable depuis le krach de septembre 2008 - bientôt adapté par Cronenberg.


Charles Stross, Iron Sunrise, Orbit, 2005.

Certainement le seul ecrivain S-F qui nous aura marque (pour) la decennie passee. Mea Culpa, on n'en lit pas assez. Mais on a lu tout Stross, auteur, dans la grande tradition pulp, tres prolifique (un titre par an). On laissera de cote sa Fantasy (genre maudit?), reste deux categories: A lire tres tres vite (mais assez jubilatoire pour l'ado encore en nous), ses deux tomes d'espionnage post-Lovecraft (l'acne m'en pousse) : La Chambre aux Atrocites (avec ses mechants sorciers nazis) et Jennifer's Morgue (sympathique mise en abime, litteralement de Ian Fleming). On s'arretera surement plus longuement sur sa S-F "classique". La tendance est resolumment "scientifique", les livres plus complexes que pompeux (on y prefere les intrigues quantiques aux sagas space operas, le tout nerveux, bourre d'idees, souvent assez drole. Et parmi tout ceux-la? Ils se valent a peu pres, petit faible pour celui-ci et son uchronie bolcheviko-habsbourg pre 1917 resolumment chic.



Cedric Lagandré, L'Actualité Pure, PUF, 2009.

En me baladant cet ete dans le sud de la France, j'ai eu le plaisir de constater que la philosophie francaise de gauche prend de la place dans les rayons des librairies (la prime allant a Sauramps a Montpellier). Et puis Badiou dans les charts de la FNAC l'annee derniere, petit chaud au coeur. On vous presente un des derniers enerves (tendance raisonnable). Deux courts ouvrages (courts et accessibles), celui-ci et La Societe Integrale, et pas mal d'idees assez chics: le "tout vitesse" empeche tout mouvement, le "tout immediat" ("tutti medias": dirait l'autre) tentaculaire empeche la pensee, et participe aux moyens de controle social aujourd'hui en vigueur.Totalitarisme soft ? Totalitarisme quand meme...

Beatriz Preciado, Le Manifeste Contra-Sexuel, Balland, 2000.

Cruellement indisponible, la bible des annees queer. Les defauts de Preciado (neologismes/raisonnements a l'esbrouffe, narcissisme de la pensee et, sans jeu de mots, confusion des genres...) qui etouffent litteralement Testo Junkie sorti l'annee derniere etaient ici plutot de touchants et revigorants signes de "la pensee en marche" (Pour ceux qui preferent rester assis derriere leur bureau, on conseillera plutot Vamps et Tramps (Quel affreux titre), le recueil d'essais de Camille Paglia).Vu de loin (enfin de moins loin que beaucoup), la diffusion des idees issues de Preciado dans le monde under-intellectuel (moi aussi je m'y met au neologisme) est impressionant. Force des concepts ? peut-etre... Une parfaite adequation entre un parcours personnel et l'air du temps (on ne se prononcera pas sur l'equilibre du rapport) ? certainement... En tout cas, et, pour une fois, objectivement, peu de livres ont autant leur place ici que celui-ci.



Theodore Roszak, La Conspiration des Tenebres, Le Cherche Midi, 2004.

On est sur d'une seule chose, c'est d'avoir aimé ce livre... Mais c'est loin, on en vient a douter, on ne sait plus tres bien comment on s'est fait prendre. Jalouse- t'on les vrais critiques au cerveau Rolodex ? Bof, Eux couchent tellement que l'Amour, hein...
Bref, ce qui reste du pave : une histoire de critiques justement. Un truc qui nous touche forcement, la quete du film (livre/disque) perdu dont on a tous reve (la quete pas le mac Guffin. Polar, fantastique, metaphysique de comptoir et conspiracy theories? un peu tout ca et un "je ne sais quoi", recette pour Pulp Fiction un peu richard...

3 comments:

  1. Ah Ah... La Librairie Sauramps à Montpellier est le premier endroit où je me suis fait choppé, à 12 ans, en train de voler un livre (en l'occurrence un tirage de tête de l'Incal Noir/ L'incal Lumière de Moebius et Jodo, aux Humanos). Mais bon... magnifique librairie, la gloire du Sud...

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  2. Je suis surpris, vous qui semblez etre de grands admirateurs du style sudiste US qu'il manque l'oeuvre phare de Nick Tosches "Where Dead Voices Gather" paru en 2001, spin-off de son premier livre "Country : The Twisted roots of rock'n'roll" paru 24 ans plutot.
    Emmett Miller a hanté pendant un quart de siècle l'auteur qui a fini part acoucher de la bible du vaudeville.

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  3. In english this time... Some say. followers and disciples have surpassed him... But I say, I've really enjoyed Thomas Pynchon opus Against the Day, Penguin Press, 2006, with all it's characters, wit, reference maze and pynchonisms. Marked my noughties.

    For his fans. There's a bit dated, geeky, sometimes dorky, but still fun documentary made by german ZDF on the Man.

    http://www.surrealmoviez.info/readarticle.php?article_id=16682

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