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Disorder in Discipline-



Wednesday 10 February 2010

50 for 10-part 2



Suite de notre Top 50 de la décennie passée. Sans objectivité, sans ordre. Mais là, fidèle a notre motto.





William T. Vollmann, Le Livre des violences, Tristram, 2009.

Bon, la version intégrale faisait plus de 3000 pages. La version française paru chez Tristram est la traduction de la version courte : 1000 pages. Vollman lui-même est obèse. Et complètement obsessionnel, comme garçon. Après l’avoir lu puis rencontré, on ne sait toujours pas de quel passage terrifiant d’un roman de James Ellroy ou de quel disque du Gun Club il nous est tombé. Déambule depuis 20 ans dans un monde de frontières et de clandestinité sociale, Erre. Parmi les putes, les cloches, les miliciens, les skins, les tox. En sort, une fois par an, des livres monstres écrits comme du James Agee sous GHB. Tous plus beaux (et déchirés) (et gros) les uns que les autres (Les Fusils !!! Récits arc en ciels ! Les Nuits du papillon !!). Va là où vous ne voulez pas aller (car sans doute sait-il qu’il est inutile de fuir ce monde que vous ne voulez pas voir, il viendra à vous plus tôt que vous ne le pensez). Les années 2000 ont fait émerger deux grands écrivains sauvages, deux Céline en puissance : Bolano et Vollmann.

Co-ed, Time Out Film Guide, chaque annee, 2000-2010.

Depuis dix ans au pied de mon lit... Evidemment des lacunes, mais 17500 vignettes quand meme. Pas (ou peu) de theorie mais une certaine liberte (aimer Ozu et Roadhouse), un ton, des enormites... Comme si quelqu'un avait condense tout les cahiers Cine de libe en un annuaire... Meme si internet l'a rendu un peu obsolete, il reste parfait quand le memoire se brouille pour choisir votre film du dimanche soir

Joseph Vacher, Ecrits d'Un tueur de Bergers, A Rebours, 2007.

(Ré)édité par une minuscule maison d’édition provinciale, sans code-barre, introuvable autrement que sur commande, ce tout petit livre reprend tous les écrits de l’un des plus célèbres tueurs en série français : Joseph Vacher, marginal, violeur, assassin, fou littéraire, guillotiné. Membre de la confrérie errante des chemineaux, ces vagabonds sans loi qui effrayaient le bourgeois du XIXème siècle, il laissa d’après la chronique une trentaine cadavres de femmes et de jeunes garçons sur sa route, entre 1894 et 1897. Et lorsqu’un juge intuitif l’arrêta enfin, la France découvrit un barbu puant au regard fou, dont la pauvre trajectoire excita les imaginations de la Belle Epoque : mauvais militaire, traîne-misère psychotique, « anarchiste de Dieu » à l’époque de Ravachol. En réalité, Vacher était surtout un paranoïaque asocial démangé de pulsions morbides. Et littéraires. Car, toute sa vie adulte, il laissa derrière lui des textes où il parlait de lui, de ses actes, de ses rancœurs et de ses obsessions. Il écrivait des lettres, il écrivait sur les murs, il écrivait dans la neige (Bertrand Tavernier a fait de cette anecdote la scène d’ouverture du film qu’il a consacré à Vacher, Le juge et l’assassin, où les dialogues de Michel Galabru sont presque tous tirés de ce livre). Lire ces brefs billets, ce n’est pas lire de la littérature ; c’est visiter un cauchemar, avec le propriétaire des lieux. Et le soin méticuleux de l’éditeur, Philippe Artières, à en conserver les fautes et la graphie délirante donne à cet objet une effrayante aura d’irréalité, de folie fin de siècle, dont on ne saura jamais si elle était réelle ou simulée.

Arlette Farge, Quel bruit ferons-nous ?, Les Prairies ordinaires, 2005.

« Dans l'analyse du petit moment singulier se découvre le cristal de l'évènement total. » Cette pensée de Walter Benjamin qui se déploie dans l'œuvre d'Arlette Farge est de l'ordre de toute une réflexion politique. Spécialiste du siècle des Lumières, l'historienne post-foucaldienne traque dans les archives de la police les petits faits – opinion publique, famille, sensibilités - des plus marginaux – fous, émeutiers, pauvres, hommes et femmes du peuple du 18e siècle -, dont « les paroles singulières sont des évènements ». Quel bruit ferons-nous? est une entrée sensible dans cet univers atypique et solitaire qui ne cesse d'ouvrir de nouveaux chantiers dans l'historiographie.


Craig Clevenger, The Contortionnist's Handbook, Fourth Estate.

Non traduit en francais, on s'habitue. Mais le plus surprenant concernant les deux romans de Clevenger (celui-ci et Dermaphoria) est qu'ils n'aient pas encore ete adaptes par un de ces wonder kids du new Hollywood (ceux qui ont construit un nouveau conformisme autour du cinema independant tendance jeuniste). Tant mieux, on est presque toujours decu de toute facon. Il y a pas mal de pa-Palahniuk dans Clevenger, mais quand Chuck peut se perdre dans ou dissoudre son white trash dream, Craig se maitrise dans une structure presque thriller. Ses deux livres sont de beaux exercices de suspense paranoiaque, petite preference pour celui ci (Dermaphoria se met en scene dans la drug culture californienne, un poil trop psyche pour nous), para-polar schizophrene totalement reussi. Mineur majeur, comme on dit.

Carl Wilson, Let's Talk About Love, Continuum, 2008.

Ayant laissé le soin à Nietzsche d’explorer les territoires par-delà bien et mal, Carl Wilson s’aventure aux frontières du bon et du mauvais goût en s’interrogeant sur le succès mondial de Céline Dion. Pourquoi lui, un blanc bec rock critique dressé dans le sérail Pitchfork, a été conditionné à détester un album comme Let’s Talk About Love ? Et si les millions de fans de Céline Dion avaient finalement raison ? Et si le mainstream était la dernière frontière de la culture pop ?


Georges A Reisch, How the Cold War Transformed Philosophy of Science, Cambridge university Press, 2005.


Alors quitte a faire dans le nerd, autant y aller carrement. JE l'avoue, je suis bien plus fascine par l'Histoire des Sciences que par celle du Paradise Garage... Voila une fascinante these sur les rapports entre Science et Politique, a ranger a cote du magistral The Making of the Atomic Bomb de Richard Rhodes.


Louis Skorecki, Les violons ont Toujours Raison, PUF, 2000.

Recueils des principales chroniques cinéphiles des années 90 publiées chaque matin par Skorecki (ex critique aux Cahiers du cinéma, cinéaste, romancier, bloggeur dylanien) dans Libération. Les violents ont toujours raison.

Hans Ulrich Obrist, Conversations, Manuella éditions, 2008.

A une époque, Hans Ulrich Obrist, curateur phare des années 2000, demandait systématiquement au concierge des hôtels de le réveiller toutes les heures - il avait peur du sommeil. Ce livre reprend sur 1000 pages ses entretiens fleuves avec des artistes (au sens large du terme: plasticiens, photographes, cinéastes, architectes, acteurs) et des philosophes : certains émergents (Sala, Dean, Tiravanija), d’autres consacrés (Gordon et Parreno, Höller, Hadid), beaucoup totalement légendaires (Ballard, Bourgeois, Richter, Parent, Oliveira). Jamais le discours sur l’art contemporain n’a été aussi vivant, ouvert.


Liste etablie par Bazooka, Pornochio, Karine Charpentier, xgatitox et Pierre Evil.

2 comments:

  1. Je suis assez curieux de savoir qui de vous 5 ("Liste etablie par Bazooka, Pornochio, Karine Charpentier, xgatitox et Pierre Evil") a choisi quoi, bien que je me doute que l'ensemble a été validé par le groupe.

    Je suppose que la Part 1 a été developpée par xgatitox.
    Qu'en est-il de la part 2?

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  2. Et bien la part 1 a été, comme les autres à venir, développée par nous tous mais postée par El Gatito. Confidence: Moi aussi je serai curieux de savoir qui de nous 5 a choisi quoi - j'essaye de trouver en fonction des modes d'écritures. Un indice pour xgatitox - il écrit sur un clavier querty sans accent et sans cédilles

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