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Disorder in Discipline-



Wednesday, 19 October 2011

Quote

Un passage (je devrais dire une séquence) que j'aime beaucoup dans un livre que j'aime un peu moins (mais pourquoi est-ce une fiction?)...

"En rentrant à Paris, après la grande marche d’août 1980, je transportais une sacoche d’argent. Jim et un dublinois me l’avaient remise la veille de mon départ. Nous avons compté les billets ensemble, derrière le bar d’un pub fermé. Il y avait 30 000 livres et 10 000 dollars. J’ai pris le train avec, l’avion avec. J’ai gardé la sacoche à la main, comme un sac de voyage. A Paris, le rendez-vous était le même, dans le café de Saint-Lazare. Deux hommes étaient à table, au fond, qui attendaient. (...)
Je suis ressorti dans la rue le vide en tête. Je n’étais ni fier, ni content, ni rien. J’avais fait ce qu’il fallait. Sans rien demander ni savoir. Cela m’allait. Je pensais à Tyrone, aux hommes sous les couvertures. Je trouvais qu’il était plus simple de marcher là-bas entre les patrouilles que de glisser de l’argent ici. je trouvais étrange que la guerre déborde ainsi de ses frontières. Je savais que l’IRA ne frapperait jamais les intérêts britanniques sur le sol français. La France n’était qu’une base arrière. Un lieu de passage, de repli ou de repos. Mais l’IRA opérait en Allemagne, aux Pays-Bas, ailleurs que sur sa terre. Et que, peut-être, cet argent y aidait. Et qu’il aidait à tuer. Et qu’il tuerait. Et que ces hommes qui dormaient dans ma chambre tueraient aussi peut-être. Mais voilà. C’était comme ça. J’étais entré dans la beauté terrible et c’était sans retour.»
Sorj Chalandon, Mon traître, Grasset, 2007

1 comment:

  1. Quelqu'un a essayé Retour à Killybegs paru en septembre, où apparemment Chalandon traite la même question du traite de l'IRA sans cette fois le masque du roman? ça vaut le coup?

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