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Quatre ans après cet entretien de 1974, et un an après l'Allemagne en automne qui accompagnait la fin de la séquence Baader-Meinhof, RW Fassbinder réalisera un portrait essentiel sur un groupe anarchiste durant les années de plomb la Troisième génération.
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Q- Moi non plus je ne suis pas convaincu par Nada, mais il y a quand même quelque chose de juste dans la position de Chabrol quand il critique la violence folle de ces anarchistes qui utilisent les mêmes méthodes que la société qu’ils veulent transformer.
Oui, peut-être. Mais Chabrol ne dépeint absolument pas le désespoir qui s’est emparé de ces gens. Même si on utilise les méthodes de cette société, on vit, quand on fait ce genre de choix, en dehors de la société, on risque sa vie et sa liberté. Et pour ça, il faut un désespoir énorme et il y a, dans nada, une attitude ironique en face de cela, et c’est exactement ça l’erreur du film. Car ce désespoir pourrait être productif, mais chez Chabrol il est hors de question qu’il puisse y avoir là quoi que ce soit de positif.
Q- Pourquoi tu ne tournes pas toi-même un film là-dessus ?
C’est très diffile pour moi aussi, parce que je n’arrive pas à définir clairement ma position par rapport à ça. Mais si un jour j’y arrive, je ferai certainement un film sur des anarchistes. (…) Ils ont eu recours à ces méthodes insensées, parce que malgré la force et la sensibilité qui sont les leurs, ils n’ont pas avancé. Ils étaient terriblement impatients. Ils pensaient que la révolution était pour demain, et comme la révolution a tardé à venir, ils ont pété un plomb. Il faut compter cela en siècles, et eux, ils ont voulu compter en décennies. Comme beaucoup de gens manifestaient dans les rues, ils ont cru à un vrai mouvement des masses, et puis au moment crucial, ils ont réalisé que ce mouvement n’existait pas. C’est pour cette raison qu’ils ont fini dans cet isolement désespéré où ils ne pouvaient plus avoir recours qu’aux moyens les plus extrêmes. Mais très sincèrement, je ne vois pas ce qu’ils auraient pu faire d’autre. Je ne sais pas comment ils auraient pu transformer leur désespoir en quelque chose de positif, et c’est pour cela que je n’arrive pas à faire un film sur eux aujourd’hui, mais toujours est-il que Nada n’est pas le bon film, car Chabrol ne montre pas ce désespoir. Il observe les deux côtés de manière cynique, et cela ne m’intéresse pas, je ne trouve pas ça drôle. »
Fassbinder par lui-même : entretiens (1969-1982), édition établie et présentée par Robert Fischer, G3J éditeur, 2010, p.249-251, interview avec Christian Braad Thomsen : « Je veux qu’on lise ce film » (1974)
La première moitié (seulement, sorry) de l'hallucinant court-métrage de Fassbinder in Deutschland Im Herbst (en vo/vo, sorry again).
Un dvd du film existe, avec sous titres (français, espagnols, anglais), éditions filmmuseum. Cherchez le, ça vaut vraiment la peine, on croise rarement la route des films d'une telle sincérité/cruauté/intelligence sur les limites de l'engagement.
Sur NADA, lire ce texte de 1996 jean François Rauger, toujours impeccable sur Chabrol: http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-article/t/28022/date/1996-11-30/article/nada/
ReplyDeleteSinon, lire le roman de Manchette...
ReplyDeleteMais oui mon vieux, le segment de ce film à sketch est génial (oublions le reste), également dispo avec ce super bouquin qui remet bien à sa place le "terrorisme chic": Thomas Elsaesser « Terrorisme, mythes et représentations – la RAF, de Fassbinder aux T-shirts Prada-Meinhof » éditions Tausend Augen
ReplyDeleteTu l'as (le Elsaesser)? J'arrive plus à remettre la main sur le mien. Tu me passes ça, ce week-end?
ReplyDeletepas de soucis
ReplyDeletesorry to answer so late, i don't read blogs, juste ordet blog ... and line (club skorecki) ... just to say fassinder is the the very last (r)auteur of "cinema" as it used too be called ... bonne réflexion ... i'm not waiting for "commenytaires", not here, not in this intellectual club of death photo lobvers
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