 Chaque fois que Willard essayait de la déplacer, elle  s’évanouissait de douleur. Une escarre suppurante apparut dans son dos,  et s’étendit jusqu’à atteindre la taille d’une assiette. Sa chambre  avait une odeur aussi rance et fétide que le tronc à prière. Il n’avait  pas plu depuis un mois, et la chaleur se maintenait. Willard acheta  d’autres agneaux au parc à bestiaux, et versa des seaux de sang autour  du tronc jusqu’à ce que cette pâtée boueuse leur monte par-dessus les  chaussures.  Un matin,  pendant qu’il était absent, un bâtard boiteux et  affamé, couvert d’une douce fourrure blanche, s’aventura timidement sur  le porche la queue entre les jambes. Arvin lui donna quelques rogatons  sortis du réfrigérateur et,  au retour de son père, il l’avait déjà  baptisé Jack. Sans un mot, Willard entra dans la maison et en ressortit  avec son fusil. Il écarta Arvin du chien, puis l’abattit d’une balle  entre les deux yeux pendant que le gamin le suppliait de ne pas faire  ça. Il le tira dans les bois, et le cloua à l’une des croix. Après ça,  Arvin cessa de lui parler. Il écoutait les gémissements de sa mère  pendant que Willard errait dans le coin, en quête de nouvelles victimes  pour ses sacrifices. Bientôt l’école allait reprendre et, de tout l’été,  Arvin n’était pas descendu une seule fois de la colline. Il s’aperçut  qu’il souhaitait que sa mère meurt. (pages 80 et 81)
Chaque fois que Willard essayait de la déplacer, elle  s’évanouissait de douleur. Une escarre suppurante apparut dans son dos,  et s’étendit jusqu’à atteindre la taille d’une assiette. Sa chambre  avait une odeur aussi rance et fétide que le tronc à prière. Il n’avait  pas plu depuis un mois, et la chaleur se maintenait. Willard acheta  d’autres agneaux au parc à bestiaux, et versa des seaux de sang autour  du tronc jusqu’à ce que cette pâtée boueuse leur monte par-dessus les  chaussures.  Un matin,  pendant qu’il était absent, un bâtard boiteux et  affamé, couvert d’une douce fourrure blanche, s’aventura timidement sur  le porche la queue entre les jambes. Arvin lui donna quelques rogatons  sortis du réfrigérateur et,  au retour de son père, il l’avait déjà  baptisé Jack. Sans un mot, Willard entra dans la maison et en ressortit  avec son fusil. Il écarta Arvin du chien, puis l’abattit d’une balle  entre les deux yeux pendant que le gamin le suppliait de ne pas faire  ça. Il le tira dans les bois, et le cloua à l’une des croix. Après ça,  Arvin cessa de lui parler. Il écoutait les gémissements de sa mère  pendant que Willard errait dans le coin, en quête de nouvelles victimes  pour ses sacrifices. Bientôt l’école allait reprendre et, de tout l’été,  Arvin n’était pas descendu une seule fois de la colline. Il s’aperçut  qu’il souhaitait que sa mère meurt. (pages 80 et 81)
Je n'avais pas prévu de retourner aussi rapidement à Knockemstiff. Mais je crois bien que ce deuxième voyage me laissera, il n’est pas totalement terminé, un souvenir encore plus intense que le premier, et, honnêtement, je ne pensais pas que cela puisse être possible.
Donald Ray Pollock, Le Diable, Tout Le Temps, 2012, Albin Michel
 
 
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