Thursday, 8 March 2012
Roberto Piva, Paranoïa, 1963
Au Bal, l’exposition FOTO/GRAFICA présente un petit livre aux images solaires, vagues, surexposées, à l’esthétique très Provoke…
En couverture, la photo d’un miroir déformant trouvée dans un parc d’attractions illustre PARANOÏA. Un titre troublant qui annonce un dérèglement à venir. Un livre malade... De format portefeuille, Paranoïa travaille sur le dialogue texte/image. Un long poème à l’écriture sensorielle et fragmentaire accompagne des photos en clair-obscur, floues et saturées, du Sao Paulo décapant des années 60.
La prose délirante et érotisée du poète brésilien Roberto Piva s’entrechoque au monde chaotique et explosif des photos de Wesley
Duke Lee. Pendant plus de sept mois, en 1963, Piva et Lee ont arpenté ensemble les lieux préférés du poète, enregistrant des images tout aussi perturbées que le texte. Pour donner une vision hallucinée et désenchantée des rues paulistes, peuplées de marginaux, d’adolescents en quête, d’inconnues éperdues, de chiens errants....
De libres associations comme la photo d’une fillette accoudée à une fontaine accompagne les vers poético-érotiques : « La Vierge lave ses fesses immaculées dans les fonds baptismaux ». Délire paranoïco-critique inspiré de l’écriture automatique du surréalisme, des effets de stupéfiants que Piva expérimentaient dans la lignée de la Beat generation.
Violence, folie, provocation, sensualité… Paranoïa est un livre, hanté par la drogue, dont le secret des images réside dans la transgression du texte, la fantasmagorie du langage.
« Une hallucination sur le bout de tes yeux », nous dit Piva, qui a coup de poèmes hallucinogènes, opère un bouleversement de perception des images. Qui s’insinuent en nous au fil des pages en une lente et progressive intoxication.
Paranoïa est cette exploration des limites, des marges. Une géographie électrique faite d’images spectrales d’anonymes, dont on ne cherchera pas à s’extraire…
« A estátua de Álvares de Azevedo é devorada com paciência pela paisagem de morfina
a praça leva pontes aplicadas no centro de seu corpo e crianças brincando na tarde de esterco
Praça da República dos meus sonhos
onde tudo se faz febre e pombas crucificadas
onde beatificados vêm agitar as massas
onde Garcia Lorca espera seu dentista
onde conquistamos a imensa desolação dos dias mais doces (...) »
in « Praça da República dos meus Sonhos ».
Roberto Piva, Paranoïa, Sao Paulo, Editora Massao Ohno, 1963.(réédition Instituto Moreira salle, 2000)
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Miam, un aperçu ici :
ReplyDeletehttp://www.4shared.com/office/uPIqjPbb/Piva_Roberto_Parania.html