Wednesday, 4 March 2009
Vuillemin - Frisson de bonheur - Albin Michel 1983
La lecture récente de l'épatant Pinocchio de Winschluss m'a donné envie de me replonger dans les grands classiques de la ligne crade, ce style tout en taches et noirceur qui se répandit dans les pages de Métal Hurlant en même temps qu'y florissait la ligne claire de Chaland et de Joost Swarte.
Le noiraud petit aveugle qui croise à plusieurs reprise le chemin du Pinocchio de Winschluss m'a en effet fait irrésistiblement penser à l'un de ces puceaux transpirants dont Vuillemin aimait à peupler ses planches dans ses premiers albums, comme ce "Frisson de bonheur" millésimé 1983. C'était l'époque où il dessinait pour le Hara-Kiri de Choron, et où il n'avait pas encore trouvé ce style rond de Walt Disney de fosse septique qui est désormais sa marque de fabrique, dans Libération ou pour ses Sales Blagues de L'Echo.
Et c'était l'époque où il n'était pas loin d'être le meilleur dessinateur d'humour de la BD franco-belge (avec Francis Masse). Ses histoires étaient absolument révoltantes (et donc immensément jouissives) : on y respire la bêtise, la peur, la lâcheté, le stupre, tous les personnages sont des salauds ou des cons (et souvent les deux), et à la fin, le faible se fait toujours enculer par le fort (Vuillemin compris, photographié à poil les fesses à l'air devant un adjudant la canette à la main dans l'un des photos-montages hara-kiresques du recueil), le tout servi par un graphisme haché et anguleux qui donnait à ses dessins un côté menaçant que ses gros bonhommes d'aujourd'hui n'ont plus du tout.
On trouve dans "Frisson de bonheur" quelques histoires signées Gourio, avec qui il fera plus tard le célèbre et scandaleux "Hitler = SS" - mais, comme dans "Hitler = SS", la profanation systématique des thèmes sacrés de la gôche allourdit plus ces histoires qu'elle ne les sert. Par contre, seul, Vuillemin excelle dans ces récits simplement peuplés de zonards lubriques et de naïfs à dépouiller et violer (nous), où la peur et le rire se mêlent dans une réjouissante gerbe de mauvais goût.
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Moi aussi je me suis récemment fait un petit revival Vuillemin. C'est vrai que son dessin au début des 80's était incroyable, le meilleur exemple étant dans Frisson de bonheur avec la dernière histoire écrite par Berroyer.
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