Shall we talk of British eccentricity in English? Je pencherai plutot pour le francais, histoire de distance puisqu'il sera peut-etre question de ce sujet maudit (a juste titre and no salvation) qu'est l'ironie. Un objet comme le Strange Attractor Journal, si anglais. cela me fait plaisir d'en parler comme ca, un peu comme Edgard P.Jacobs, Riviere et Floc'h, ligne claire (enfin... pas pour moi) et angliches de contrebande. C'est plus charmant.
Je vous l'accorde, tout ca c'est tres burlesque litteraire, esoterisme a trois sous, mais de temps en temps, comment ne pas s'encanailler grace aux articles de la revue dirigee par Mark Pilkington, quatre numeros deja (la translation rajoute-t'elle au charme? je en sais pas):
-'Brume Birmane-Ma Rencontre avec un travesti medium'
-'Liberte, Egalite, Eternite-notes sur mesaventures psychonautiques'
-'Croissance et chute de l'industrie de la soie d'araignee dans l'Europe du 18e siecle'
-'Anagrammes pour Maya Deren-artiste, realisatrice, pretresse vaudou'
etc... Alors, peut-etre que certains de ses espaces vous sembleront reserves a des nerds dabouillant dans l'occultisme... Et alors? Le fait que Houellebecq ait ecrit sur Lovecraft ne justifie rien, mais je n'ai rien contre quelques pages sur ce que je ne connais pas. 'Celebrating Unpopular Culture since 2001' est un motto qui se porte pas mal, parallele au notre en quelque sorte.
Car c'est bien dans ce 'ce que je ne connais pas' (et parfois meme dans ce que je ne veux pas connaitre) que reside l'interet du Strange Attractor Journal. Comme une bonne brocante, bric a brac, tenus par des contributeurs surement tres normaux dans leur vie quotidienne (or not).
Autour de tout ce bordel (c'en est un), gravite librement une maison d'edition. C'est d;ailleurs via la publication de leur biographie d'Austin Osman Spare (signee Phil Baker) que je les ai découvert. C'était un livre qui venait combler un grand vide dans l'histoire para-culturelle Britannique. Blake, tout le monde nous le rabache, au mieux quelques uns son familier avec son style, mais peu (la personne ecrivant ici n'en faisait pas partie) ne connaissait sa vie pour le moins tortueuse et torturee. A checker aussi, un joli guide sur London Lost Rivers par Tom Baker ou une anthologie d' Electric Sheep et de leur vision du cinema.
Tout ce joli monde n'est bien entendu pas dirige, ni tenu. Mon dieu non. Mais au fond de la boutique se tient Mark Pilkington (aussi auteur de Mirage Men, auquel je vais peut-etre jeter un oeil). Il a bien voulu repondre a quelques questions:
Six books I love, though not the only six!
* The Three Stigmata of Palmer Eldritch by Philip K Dick
Perhaps Dick's darkest hour, drugs, gods and reality slippage in the galactic colonies.
* A Voyage to Arcturus by David Lindsay
Beautiful, hallucinogenic, philosophical early science fiction with one of my favourite ever openings.
* The Hill of Dreams by Arthur Machen
Machen's dream-like semi-autobiographical account of love between the human and faerie realms.
* The Mothman Prophecies by John Keel
Gonzo paranoiac horror, true-ish adventures in a world of spies, UFOs, men in black and humanoid winged things. A great inspiration for my own book Mirage Men.
* The Trickster & The Paranormal by George Hansen
Perhaps the most important book about paranormal phenomena; deception, self-deception and the trickster archetype's role in human society.
* Remarkable Luminous Phenomena in Nature by William Corliss
A wondrous compendium of giant oceanic light wheels, glowing owls, floating orbs, columns - all drawn from scientific papers. Corliss, who died this year, was the true successor to Charles Fort.
And a couple of extra questions:
* Who is your forgotten hero?
It's difficult to name just one, but I've always wanted to collect the artwork of Sidney Sime, who did beautifully detailed, fantastical illustrations for Lord Dunsany, Arthur Machen and others. He also edited The Idler magazine after Jereome K Jerome, designed theatre backdrops and more. His illustration work ranges from the subtle and sublime to all out crawling madness, it's also often very funny.
What motto would be painted on your fighter plane?
Per absurdiam ad astra
What makes you really angry?
Littering
Your last words?
'Don't be silly, synthesisers don't kill people'
Pour commander les volumes 2-3-4 du SAJ, ou leurs autres publications, visitez leur site ici.
Ps: if someone has the first issue of the SAJ, please get in touch with me. xxx
Wednesday, 28 September 2011
Tuesday, 27 September 2011
Sakiko Nomura, Kuroyami (Black Darkness), 2008
La première fois que vous l’ouvrez, cela fait un drôle d'effet : un livre complètement noir. A quoi ça peut bien servir, ça! Concept douteux, concept con, concept inhabituel dans la photographie japonaise (qui est précise mais assez peu intellectuelle au final, souvent dénuée de toute intention qui ne soit pas émotive). Puis sans savoir pourquoi (l’étonnement, la surprise ?), vous restez collés à l’image et au bout de quatre, cinq ou six secondes, une forme apparaît : ce sont des arbres noirs, pris dans la nuit noire. Des silhouettes d’encre sur un ciel d’encre. Le livre n’était pas noir, il était massivement fait de photographies prises de nuit, sans autre lampe que la lampe témoin pour nous aider à y voir clair. Là-dessus, le tirage, fou, pousse la darkness dans son dernier retranchement
Et nous, on fait quoi pendant ce temps ? Pour nous, il va falloir commencer par réapprendre à regarder. Le temps servira de révélateur, exigeant au passage un peu de patience, ce temps de patience que nous avons perdu, même devant un livre de photo. Maintenant que l'on sait, on se se surprend à reprendre le livre à l’envers (c’est une vielle habitude: commencer les bouquins de photo par la fin. Même chose pour le journal), et depuis cette chambre noire, on aperçoit mieux, on aperçoit bien là un bras, la un buste, là un visage, là deux corps enlacés, là des orteils de femme enserrant amoureusement des orteils d‘homme. Le même homme, photographié plusieurs fois, toujours la nuit, toujours nu, toujours dans le chuchotement amoureux de trois heure du matin. L’encre sert à l’habiller de murmure.
Soudain, sur une double page, la lumière du matin entre dans l’habitation, inonde la chambre. La photo est brusquement éblouissante, la page recouverte de blanc – c’est exactement la même chose mais en négatif. L’envers des ténèbres, c’est l’éclaboussement. Et quand assez vite le noir reprend ses droits, son corps à elle se tord de douleur, d’appel, de solitude, se débat avec les draps… La lumière rasante de l’aube qui monte doucement, à Tokyo, agit comme une consolation. Il ne reste de cette nuit qu’une rue sale, un lit défait. On pense à certains Garrel early 80's (la même qualité de silence), on repense surtout à ce film d’Akerman sur une insomnie collective, un été, à Bruxelles : Toute une nuit.
C’est un mausolée des amants en autoportrait de quatre heures du mat' que Sakiko Nomura (ex assistante d’Araki) a tenu à la première personne, se basant sur une technique d’une vérité implacable laissant l’encre faire intégralement le travail d’émotion, poussant toute chose vers les abîmes. Résultat: sommes-nous (toujours) dans la photographie, ou sommes-nous (déjà) dans l’imprimerie ?
Sakiko Nomura, Kuroyami, Akio Nagasawa Publishing, Tokyo, novembre 2008
Sunday, 25 September 2011
Pedro Lemebel, My Tender Matador, 2003.
No words. I am just starting the book but reading its opening page, its dedication=instant post. I'll leave you the opportunity to read it too before report. Pure lines of pure Life for a future hero of ours?
'This book emerged out of twenty pages written at the end of 1980's and mislaid for years among fans, lace stockings, and cosmetics that smeared with rouge the balladazing calligraphy of its script. Herein I offer up this story and with flamboying passion I dedicate it to Myrna Uribe (La Chica Myrna), tiny esoteric center, who staved off the afternoon of the coyote with her poetic depravity; to Cecilia Thauby (La Ceci), our enamored heroine; to Cristian Agurto (EL Flaco); to Jaime Pinto (El Julio); to Olga Gajardo (La Olga); to Julio Guerra (El Pato)-my heart clenches when I remember his gentle eyes and his body like a trampled carnation, riddled with Chilean Secret Police bullets in the aprtment in Villa Olimpica; to Oriana Alvarado (La Julia); to the woman in the grocery store, as gossipy as they come but as silent as the tomb when questioned. And also, to the house, where electric utopias whirled throughout the purple night of those times.'
'This book emerged out of twenty pages written at the end of 1980's and mislaid for years among fans, lace stockings, and cosmetics that smeared with rouge the balladazing calligraphy of its script. Herein I offer up this story and with flamboying passion I dedicate it to Myrna Uribe (La Chica Myrna), tiny esoteric center, who staved off the afternoon of the coyote with her poetic depravity; to Cecilia Thauby (La Ceci), our enamored heroine; to Cristian Agurto (EL Flaco); to Jaime Pinto (El Julio); to Olga Gajardo (La Olga); to Julio Guerra (El Pato)-my heart clenches when I remember his gentle eyes and his body like a trampled carnation, riddled with Chilean Secret Police bullets in the aprtment in Villa Olimpica; to Oriana Alvarado (La Julia); to the woman in the grocery store, as gossipy as they come but as silent as the tomb when questioned. And also, to the house, where electric utopias whirled throughout the purple night of those times.'
Pedro Lemebel, My Tender Matador, Grove Press, 2003, page 00000000.
Friday, 23 September 2011
Bellow the bottom shelf whith... Bertrand Bonello
Vous voulez la vérité ? Un critique de cinéma ne cherche qu’une chose : un cinéaste dont les obsessions (même les inavouables, surtout les inavouables) rencontreraient les siennes. Ça n’arrive pas tous les jours, mais parfois quand même (sinon c’est la misère). Il est sans doute plus pratique que ce cinéaste miroir soit mort (close, l’œuvre ne pourra plus décevoir) mais il est quand même plus excitant et nourrissant que ce cinéaste là soit vivant. Et encore plus qu’il soit de notre génération. Bertrand Bonello est ce cinéaste pour moi, et je n'ai pas mis dix ans à le comprendre. Je ne le connaissais pas du tout la première fois que j’ai vu Le Pornographe, c'était à Cannes, mais j’ai vite compris que je n’étais plus seul dans mon coin à faire des ponts insensés entre Jean Eustache et le porno seventies; puis il y a eu des interviews où l’on se disait moins de choses qu’on n’en comprenait; puis il y a eu Tiresia, ce film dont je peux dire que je ne sais toujours pas de quoi il parle mais dont chaque plan tremble au plus profond de moi. Et cette Apollonide fin de siècle, sortie mercredi ? Elle met en scène un monde enlisé et hypnotique dans lequel je voudrai passer des heures, des siècles. C'est son plus grand film. C’est le plus beau film fait en France cette année, mais il n'est pas interdit de voir au-delà de la France et au-delà de l’année…
On aurait pu faire avec Bertrand Bonello un questionnaire musique (j’ai encore une compil northern soul à te uploader, au fait), c’est tombé sur les livres. C’est plus secret les livres, on n’en parle pas comme ça, dans un café, et encore moins en interview. La peur d'être cuistre, sans doute. Mais ce blog sert aussi à ça, à faire dire à des gens que l’on estime ce qu’ils ne nous ont pas confié tout au long de ces années et que, d'ailleurs, nous serions bien emmerdés de leur demander de vive voix. On est heureux, et fiers, et tout le reste, de rouvrir avec Bertrand Bonello une rubrique augurée il y a deux ans déjà avec Philippe Garnier, Mickey Moonlight et Didier "Tweet" Péron – lequel, le monde est riquiqui, a signé mercredi dans Libé un article sur l’Apollonide après lequel on ne souhaite à personne de passer. Quand vous aurez lu ça, vous saurez quoi faire. Le chemin de la salle n'est plus si loin, et les Souvenirs de la maison close si proches...
Où lisez-vous? En musique? En silence, Le matin, La nuit?
Majoritairement, dans mon bureau. Un grand fauteuil rouge, ou un “lit de jour” suédois. Plutôt le jour.Vers 17h, 18h.Sinon, le métro et le train.Pas de musique. Ne pas mélanger.
L’ecrivain le mieux habillé, à vous yeux?
J’ai toujours trouvé Pasolini très bien habillé, alternant entre le costume/ cravate fine , le gilet avec coudière ou la veste en cuir italien. Et puis, il arrive même à porter de belle manière le short de football. Sans parler de ses montures fumées.
Quel titre de livre pourriez vous faire tatouer?
Rose Poussière.
Hors fiction, votre livre fetiche?
L’homme de cour, de Baltasar Gracian. Ou l’on voit que le monde finalement n’a pas tant changé que ça.
Une ligne d'un poeme?
“Si je ne brule pas, si tu ne brules pas, si nous ne brulons pas, comment les ténèbres éclaireront-elles la nuit ?”
Un livre a adapter au cinema de toute urgence?
J’ai rêvé à un moment une adaptation de Pétrole, de Pasolini
Sinon, Rêver sous le IIIème reich, de Charlotte Beradt
S'il ne restait qu'un livre sur le cinema?
Les Notes sur le Cinématographe de Bresson. Sans hésitation.
Que lire dans la salon d’un bordel?
Des choses courtes, des pensées… Oscar Wilde, peut-être. Des choses qui pourraient se partager rapidement.
Surtout rien de sexuel. Ce serait déplacé.
Un beau livre rare sur le bordel?
Nicole Canet va sortir un livre avec de rares photos et documents. Je pense qu’il sera beau.
Quel livre vous definirait le mieux?
Il y a quelques années, j’aurais dit Le métier de vivre de Pavese. Là, je ne sais pas. Je me sens un peu trop flou pour me définir. Surtout par un livre.
Votre Audiobook idéal?
Je n’aime pas trop qu’on lise pour moi. Je préfère trouver ma propre musique aux mots des autres.
Ou alors, qu’on me lise quelque chose dans une langue que je ne comprends pas, sans me traduire. Peut-être la Divine Comédie de Dante, lue en alternance par Nanni Moretti et Asia Argento.
Un livre ayant suscite chez vous un emoi sexuel (apres l'adolescence)?
Ma vie secrète, un anonyme anglais du XIXème, traduit par Pauvert. Une grande traversée.
L'ecrivain dont le style (ecriture) vous touche le plus?
Peut-être Bataille. Je le vois comme le plus grand styliste du 20ème siècle.
Il rapproche des mots jamais rapprochés auparavant. Il arrive à créer de ces rapprochements des émotions incroyables chez moi.
Un livre qui vous a fait pleurer?
C’est pathétique, mais je crois me souvenir que la mort d’un chien dans un livre de Houllebecq m’a tirée quelques larmes.
En même temps, si on est honnête, on pleure souvent pour de l’inavouable. (je parle de la mort du chien, pas de Houllebecq).
Un heros littéraire de votre enfance, un pour maintenant?
Sherlock Holmes m’a fasciné pendant une bonne partie de mon enfance. Le violon, la drogue, l’exigence…
Aujourd’hui, je crois que je l’aime encore.
Vous devez ecrire un titre de la serie SAS. Quel serait son titre? Quelle actrice pour la photo?
De Villiers est déjà allé très loin. Il est dur à battre. Mais je tenterai “SAS contre les fils de chien de la crasse.”
Tristane Banon en couverture.
Un grand roman de droite?
Beaucoup de grands auteurs sont de droite, il me semble.
J’avais beaucoup aimé les textes de Dominique de Roux, mais je ne les ai pas relus depuis longtemps.
Les livres de photos ou d’artistes vous touchent-ils?
Ils m’intriguent, m’intéressent, me nourrissent, mais me touchent peu. Excepté (mais ce ne sont pas que des photos), LES HISTOIRE(S) DU CINÉMA chez Gallimard. Bouleversant.
Votre Blake et Mortimer (ou Tintin) favori?
Les 7 boules de Cristal. Une histoire de dingue.
Un critique littéraire que vous pourriez suivre les yeux fermés?
J’ai toujours trouvé Sollers meilleur comme guide littéraire que comme écrivain. C’est déjà énorme.
Que lisez vous en ce moment et quel fut votre dernier choc litteraire?
Dernier choc littéraire: Roman avec cocaïne, de Aguéev, écrivain dont on ne sait rien. Là, ce moment, je ne lis rien. La rentrée littéraire m’a terrifié.
Les trois livres que vous recommandez toujours parce que vous pensez que personne d'autre ne les connait?
Je recommande souvent PETROLE, de Pasolini. Il n’est pas inconnu mais en fait, personne ne l’a lu.
Sinon, je ne me sens pas défricheur en littérature, ni en possession de raretés sublimes.
Quelque chose de redhibitoire dans un livre?
Le manque de littérature ? Ou de musique dans la littérature, comme dirait JJ Schuhl.
On aurait pu faire avec Bertrand Bonello un questionnaire musique (j’ai encore une compil northern soul à te uploader, au fait), c’est tombé sur les livres. C’est plus secret les livres, on n’en parle pas comme ça, dans un café, et encore moins en interview. La peur d'être cuistre, sans doute. Mais ce blog sert aussi à ça, à faire dire à des gens que l’on estime ce qu’ils ne nous ont pas confié tout au long de ces années et que, d'ailleurs, nous serions bien emmerdés de leur demander de vive voix. On est heureux, et fiers, et tout le reste, de rouvrir avec Bertrand Bonello une rubrique augurée il y a deux ans déjà avec Philippe Garnier, Mickey Moonlight et Didier "Tweet" Péron – lequel, le monde est riquiqui, a signé mercredi dans Libé un article sur l’Apollonide après lequel on ne souhaite à personne de passer. Quand vous aurez lu ça, vous saurez quoi faire. Le chemin de la salle n'est plus si loin, et les Souvenirs de la maison close si proches...
Où lisez-vous? En musique? En silence, Le matin, La nuit?
Majoritairement, dans mon bureau. Un grand fauteuil rouge, ou un “lit de jour” suédois. Plutôt le jour.Vers 17h, 18h.Sinon, le métro et le train.Pas de musique. Ne pas mélanger.
L’ecrivain le mieux habillé, à vous yeux?
J’ai toujours trouvé Pasolini très bien habillé, alternant entre le costume/ cravate fine , le gilet avec coudière ou la veste en cuir italien. Et puis, il arrive même à porter de belle manière le short de football. Sans parler de ses montures fumées.
Quel titre de livre pourriez vous faire tatouer?
Rose Poussière.
Hors fiction, votre livre fetiche?
L’homme de cour, de Baltasar Gracian. Ou l’on voit que le monde finalement n’a pas tant changé que ça.
Une ligne d'un poeme?
“Si je ne brule pas, si tu ne brules pas, si nous ne brulons pas, comment les ténèbres éclaireront-elles la nuit ?”
Un livre a adapter au cinema de toute urgence?
J’ai rêvé à un moment une adaptation de Pétrole, de Pasolini
Sinon, Rêver sous le IIIème reich, de Charlotte Beradt
S'il ne restait qu'un livre sur le cinema?
Les Notes sur le Cinématographe de Bresson. Sans hésitation.
Que lire dans la salon d’un bordel?
Des choses courtes, des pensées… Oscar Wilde, peut-être. Des choses qui pourraient se partager rapidement.
Surtout rien de sexuel. Ce serait déplacé.
Un beau livre rare sur le bordel?
Nicole Canet va sortir un livre avec de rares photos et documents. Je pense qu’il sera beau.
Quel livre vous definirait le mieux?
Il y a quelques années, j’aurais dit Le métier de vivre de Pavese. Là, je ne sais pas. Je me sens un peu trop flou pour me définir. Surtout par un livre.
Votre Audiobook idéal?
Je n’aime pas trop qu’on lise pour moi. Je préfère trouver ma propre musique aux mots des autres.
Ou alors, qu’on me lise quelque chose dans une langue que je ne comprends pas, sans me traduire. Peut-être la Divine Comédie de Dante, lue en alternance par Nanni Moretti et Asia Argento.
Un livre ayant suscite chez vous un emoi sexuel (apres l'adolescence)?
Ma vie secrète, un anonyme anglais du XIXème, traduit par Pauvert. Une grande traversée.
L'ecrivain dont le style (ecriture) vous touche le plus?
Peut-être Bataille. Je le vois comme le plus grand styliste du 20ème siècle.
Il rapproche des mots jamais rapprochés auparavant. Il arrive à créer de ces rapprochements des émotions incroyables chez moi.
Un livre qui vous a fait pleurer?
C’est pathétique, mais je crois me souvenir que la mort d’un chien dans un livre de Houllebecq m’a tirée quelques larmes.
En même temps, si on est honnête, on pleure souvent pour de l’inavouable. (je parle de la mort du chien, pas de Houllebecq).
Un heros littéraire de votre enfance, un pour maintenant?
Sherlock Holmes m’a fasciné pendant une bonne partie de mon enfance. Le violon, la drogue, l’exigence…
Aujourd’hui, je crois que je l’aime encore.
Vous devez ecrire un titre de la serie SAS. Quel serait son titre? Quelle actrice pour la photo?
De Villiers est déjà allé très loin. Il est dur à battre. Mais je tenterai “SAS contre les fils de chien de la crasse.”
Tristane Banon en couverture.
Un grand roman de droite?
Beaucoup de grands auteurs sont de droite, il me semble.
J’avais beaucoup aimé les textes de Dominique de Roux, mais je ne les ai pas relus depuis longtemps.
Les livres de photos ou d’artistes vous touchent-ils?
Ils m’intriguent, m’intéressent, me nourrissent, mais me touchent peu. Excepté (mais ce ne sont pas que des photos), LES HISTOIRE(S) DU CINÉMA chez Gallimard. Bouleversant.
Votre Blake et Mortimer (ou Tintin) favori?
Les 7 boules de Cristal. Une histoire de dingue.
Un critique littéraire que vous pourriez suivre les yeux fermés?
J’ai toujours trouvé Sollers meilleur comme guide littéraire que comme écrivain. C’est déjà énorme.
Que lisez vous en ce moment et quel fut votre dernier choc litteraire?
Dernier choc littéraire: Roman avec cocaïne, de Aguéev, écrivain dont on ne sait rien. Là, ce moment, je ne lis rien. La rentrée littéraire m’a terrifié.
Les trois livres que vous recommandez toujours parce que vous pensez que personne d'autre ne les connait?
Je recommande souvent PETROLE, de Pasolini. Il n’est pas inconnu mais en fait, personne ne l’a lu.
Sinon, je ne me sens pas défricheur en littérature, ni en possession de raretés sublimes.
Quelque chose de redhibitoire dans un livre?
Le manque de littérature ? Ou de musique dans la littérature, comme dirait JJ Schuhl.
Thursday, 22 September 2011
Joel Meyerowitz, Wild Flowers, 1983
"From nearly twenty years now I've tended to this garden in the streets and parks and cities I have visited or lived in. For a while I didn't know that I was making a garden. I was simply doing what gave me pleasure. I went out walking, wherever I was, and looking, and laughing and taking it all in - with a sense of wonder - the endless supply of things there is to see ! I have found that I can stop almost anywhere, and if I watch carefully, something of interest will emerge from the tumult or the void in front of me - but only if I give it all my attention. Only then might the humble everyday gesture turn into the sublime before my eyes.
I like doing this - going out into the streets - prepared, with desire and a machine wich is perfectly suited to the task of taking it in. The camera, like the flicker of an eyelash, effortlessly interrupts time, stops it and holds it forever. It takes cuttings of hundredths of a second and transplants them on film, and later in our minds, to grow there if they can."
Joel Meyerowitz, Wild Flowers, New York Graphic Society Books, 1983
Tuesday, 20 September 2011
Frank O' Hara, For James Dean, 1955. For Joel, 2011.
O'Hara wrote these lines for Dean. I'll borrow them for someone that was close to my heart and chose to leave us here, on our fucking own. I understand him. And, at the same time, I'll never understand. Nothing more is to be said.
[to read the poem, click on the images...]
To Joel Dever, 1986-2011.
[to read the poem, click on the images...]
To Joel Dever, 1986-2011.
Sorry, there was one more thing to be said: more people on these shores should read Frank O'Hara. A pretty good anthology is: The Collected Poems of Frank O'Hara, edited by Donald Allen, University of California Press, 1995. Mais on y reviendra.
Quote
«Dans la camionnette, tous les vêtements étaient les mêmes, entassés et lavés ensemble, puis distribués, tant d’unités par personne, sans tenir compte du possesseur original ni de l’utilisateur précédent. Telle était la vérité de la communauté du corps. Mais cela procure assurément un curieux sentiment de porter les chaussettes de l’un et les sous-vêtements de l’autre. Cela vous donne le frisson, la chair de poule. Vous donne envie de marcher un peu ratatiné en soi-même, pour ne pas toucher les vêtements dans lesquels on se trouve. »
ps: J'ai lu pour la première fois ces lignes en 2004 (à Beyrouth, où se passe une partie du roman). Elles décrivent de quelle insidieuse façon la Secte Moon s'y prenait pour casser les corps, les faire plier, les soumettre. Cette image d'un bassin qui se ratatine pour ne pas frôler la culotte contre laquelle il frotte, depuis me hante.
Don Delillo, Mao II, 1990, traduit par Marianne Véron, Actes Sud/Babel, p.97-98
ps: J'ai lu pour la première fois ces lignes en 2004 (à Beyrouth, où se passe une partie du roman). Elles décrivent de quelle insidieuse façon la Secte Moon s'y prenait pour casser les corps, les faire plier, les soumettre. Cette image d'un bassin qui se ratatine pour ne pas frôler la culotte contre laquelle il frotte, depuis me hante.
Don Delillo, Mao II, 1990, traduit par Marianne Véron, Actes Sud/Babel, p.97-98
Thursday, 15 September 2011
Least Wanted, ed. by M.Michaelson & S.Kasher, 2006
Looking at these two guys, How the hell could I ever have thought I was cool?
And this is a nearly random pick in this 'punch in the face' volume of 300 pages. A punch in the face of what ? Well... First, in my comfortable middle class guilt, and in the 'bad boy/tough guy' romanticism that goes along with it. But also a punch in the face of Fame, that I should write with a small f when it takes the form of a pathetic mugshot of a so-called star from the underworld or the overworld (same). Maybe in the face of Greed as well, as these ones shine when all they ever got dealt is a bad hand. La beaute est dans le crime qui ne paie pas.
Yep, these ghosts who without bad luck, would not have had any luck at all, they've got a grace that no money can buy.
Least Wanted-A Century of American Mugshots, ed. by M.Michaelson & S.Kasher, Steidl/Kasher, 2006.
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1915. right: Julius Pakos,
1936,
left: John Sweeney
Wednesday, 14 September 2011
Osvaldo Lamborghini, Une théorie du montage, circa 1980
On se sent comme chez soi dans le catalogue (tout en noir et blanc - bonne idée) de la Biennale de Lyon qui ouvre demain matin : photos des oeuvres + fragment de textes de Burroughs, Gombrowicz, Bowles, Thomas Bernhardt, Borges ou Roberto Arlt. Mais une nouvelle nous a fait hurler de rire tellement elle est implaccable. Elle est signée Osvaldo Lamborghini. On ne va pas vous la raconter, Lamborghini on ne connaissait pas. On sait désormais qu’il est argentin (merci wikipedia), baroque, lacanien, mort et enterré (en 1985, à Barcelone) et que seule ici Laurence Viallet (respect !) s'est aventurée, pour l'heure, à le traduire (le Fjord suivi de Sebregondi recule - merci Amazon).
Mais attention quand même, parce qu'une fois que vous aurez lu ces lignes, vous saurez, comme nous, que vous venez de rencontrer un écrivain qui ne va pas vous lâcher de sitôt. Un gros enculé d’écrivain.
«Je me rends très souvent dans un café de la rue Talcahuano. L’atmosphère est tranquille, paisible, et l’on peut même y lire (penser est presque partout impossible). En fait je n’y vais plus : mais j’y allais, et ça me plaisait. L’un des clients était un jeune grassouillet (un gros cul), habitué de la même table et du même serveur. Il plaisantait toujours avec le serveur et ils semblaient s’amuser beaucoup, il était aussi évident qu’ils s’estimaient au-delà d’une relation client-serveur. Ce dernier était provincial et parlait avec un fort accent, ce qui faisait paraître ses blagues plus drôles qu’elles n’étaient en réalité.
La soirée du 18 septembre 1978 était comme les autres, et le café, tranquille, comme toujours. Tout identique jusqu’au couple du salon privé qui prenait un café et se faisait les yeux doux avant de gagner leur chambre d’hôtel (ils avaient probablement les jambes enlacées sus la table, vieux truc pour se chauffer en public, mais cela, personne ne pouvait l’affirmer – si : il était sur que les jambes répétaient là la milonga qu’elles danseraient ensuite au lit, vicieux).
Arriva le fessu, le gros cul, appelez-le comme vous voudrez. Il s’assit à sa table, et les vannes mutuelles commencèrent, certaines lourdingues, avec le serveur provincial. Le tas de graisse commanda un pichet et les blagues continuèrent, toujours à voix haute, sans rien de secret. Ils étaient l’attraction vivante du café (moi je cessai de m’y rendre après la tragédie). Le fessu lui fit une blague idiote et grossière, comme ils en avaient l’habitude entre eux. Souriant, tranquille, le provincial contra : Mais tais-toi, gros enculé.
Nous qui étions proches ne vîmes pas grand-chose. Le gros cul s’arrêta et vida un chargeur complet de calibre 45 dans la poitrine de son ami le serveur. Je me rappelle l’anecdote pour deux raisons. D’abord parce que les tribunaux m’appellent pour déposer de temps à autre. Ensuite parce que celui qui appuya sur la détente quand il se senti appelé, sans volonté d’injure particulière, évidemment « gros enculé », tous les jours, sans s’offenser, acceptait le gros cul assassin, le gros cul, le classique « mais tu as plus de cul que de cervelle », ou « arrête de faire chier, joue pas les enculés ». Mais ce soir là les deux mots – gros et enculé – s’assemblèrent avec des conséquences fatales. Pourquoi un gros n’accepte-t-il pas l’accouplement gros/enculé ? C’est un thème passionnant à explorer."
(traduction: Judith Vernan, in Une terrible beauté est née, Presse du réel, 2011)
Osvaldo Lamborghini, Una teoria del montaje, in El Pibe Barulo, Novelas y cuentos, Barcelona, Ed del Serbal, 1988.
Mais attention quand même, parce qu'une fois que vous aurez lu ces lignes, vous saurez, comme nous, que vous venez de rencontrer un écrivain qui ne va pas vous lâcher de sitôt. Un gros enculé d’écrivain.
«Je me rends très souvent dans un café de la rue Talcahuano. L’atmosphère est tranquille, paisible, et l’on peut même y lire (penser est presque partout impossible). En fait je n’y vais plus : mais j’y allais, et ça me plaisait. L’un des clients était un jeune grassouillet (un gros cul), habitué de la même table et du même serveur. Il plaisantait toujours avec le serveur et ils semblaient s’amuser beaucoup, il était aussi évident qu’ils s’estimaient au-delà d’une relation client-serveur. Ce dernier était provincial et parlait avec un fort accent, ce qui faisait paraître ses blagues plus drôles qu’elles n’étaient en réalité.
La soirée du 18 septembre 1978 était comme les autres, et le café, tranquille, comme toujours. Tout identique jusqu’au couple du salon privé qui prenait un café et se faisait les yeux doux avant de gagner leur chambre d’hôtel (ils avaient probablement les jambes enlacées sus la table, vieux truc pour se chauffer en public, mais cela, personne ne pouvait l’affirmer – si : il était sur que les jambes répétaient là la milonga qu’elles danseraient ensuite au lit, vicieux).
Arriva le fessu, le gros cul, appelez-le comme vous voudrez. Il s’assit à sa table, et les vannes mutuelles commencèrent, certaines lourdingues, avec le serveur provincial. Le tas de graisse commanda un pichet et les blagues continuèrent, toujours à voix haute, sans rien de secret. Ils étaient l’attraction vivante du café (moi je cessai de m’y rendre après la tragédie). Le fessu lui fit une blague idiote et grossière, comme ils en avaient l’habitude entre eux. Souriant, tranquille, le provincial contra : Mais tais-toi, gros enculé.
Nous qui étions proches ne vîmes pas grand-chose. Le gros cul s’arrêta et vida un chargeur complet de calibre 45 dans la poitrine de son ami le serveur. Je me rappelle l’anecdote pour deux raisons. D’abord parce que les tribunaux m’appellent pour déposer de temps à autre. Ensuite parce que celui qui appuya sur la détente quand il se senti appelé, sans volonté d’injure particulière, évidemment « gros enculé », tous les jours, sans s’offenser, acceptait le gros cul assassin, le gros cul, le classique « mais tu as plus de cul que de cervelle », ou « arrête de faire chier, joue pas les enculés ». Mais ce soir là les deux mots – gros et enculé – s’assemblèrent avec des conséquences fatales. Pourquoi un gros n’accepte-t-il pas l’accouplement gros/enculé ? C’est un thème passionnant à explorer."
(traduction: Judith Vernan, in Une terrible beauté est née, Presse du réel, 2011)
Osvaldo Lamborghini, Una teoria del montaje, in El Pibe Barulo, Novelas y cuentos, Barcelona, Ed del Serbal, 1988.
R.B Robertson, Of Whales and Men, 1954
Of Whales and Men ... (aka the world according to R.B Robertson - Mid 20th Century Man of Medicine & Mind.)
This is more than a book about 'Modern Whaling' & the colourful characters bringing margarine to the bread of the British public in 1952.
Come on, you're smiling too, aren't you?
It's a book about a shrink. Stuck on a boat. Stuck between two centuries.
"I have labeled the whaleman psychopaths, but by that I mean nothing derogatory…. The psychopath - the 'man with the suffering mind', to analyze the word etymologically - is a type I have spent my life studying, and my conclusion long ago was that his mind is healthy - too healthy to be acceptable to, or to accept, the civilization into which he was born, and therefore doomed to alienate itself from that civilization in some way. Some like minds, like those of Dostoevsky, Kafka, and Thoreau, have found their escape through letters; others, many thousands of them, have escaped through art, and even some, like Galileo, Newton, Darwin, and Freud, through science; and like many, like Socrates, have got out of the human jail by philosophy's door. But the great majority of such incompatibles can find no talent or technique which gives them a spiritual avenue of escape from civilized humanity while they remain physically in its midst, and this huge army of unskilled psychopaths is forced to make an actual material getaway to some of the few remaining parts of the world where they will not encounter, and so will not clash with, their orthodox, average, and usually intolerant fellow humans. Some of these displaced persons from civilization, like Ernest Shackleton, Robert Peary, Marco Polo, Columbus, and others of the great explorers, have left their fellow men to follow a dream; others, like the Pilgrims, or the Latter-day Saints, have set out to found new communities where, with others like themselves, they hope at last to be compatible; but a vastly greater number have left civilization in covered wagons, on sledges and - most of all - in the fo'c'sles of ships, and especially whaling ships, to seek in the lonely places of the earth that thing they could not find, or were not permitted to find, in the crowded places.
It was thus as refugees from civilization that I diagnosed most of my whaling shipmates, and, though their response to the rhythm of the faraway drummer was ruder, coarser, and often less intelligent than the echo made by the great men I have mentioned, I believe them heard his tapping as distinctly and insistently." pp 180-181
It was thus as refugees from civilization that I diagnosed most of my whaling shipmates, and, though their response to the rhythm of the faraway drummer was ruder, coarser, and often less intelligent than the echo made by the great men I have mentioned, I believe them heard his tapping as distinctly and insistently." pp 180-181
Come on, you're smiling too, aren't you?
R.B.Robertson, Of Whales and Men, Knopf, 1954.
jeunes gens modernes...
This is front page news, Scandal of the Century!!!
After years of retrograde thinking, Discipline in Disorder now has...
A TWITTER ACCOUNT!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
It is Twitter so the length of everything is limited, our account is : DisciplineFeed
find it here: http://twitter.com/#!/DisciplineFeed
You are not dreaming.
It will not be used for gossips and notes on personal hygiene but as its opening 'tweet' (this feels wrong but we will get used to it) states, DisciplineFeed will provide a ' everyday feed of oddities, underdogs and classics, torn pages, lost celluloid and more'.
This will be an instant, and less intimidating, for our tracing bullets. Expect to get something to read, watch, or admire everyday (if not every hour).
Juan Rulfo, Pedro Paramo, 1955
[These lines are in English. Not perfect but if this is your language and wanna write for D in D, about the books you want, the way you want, that's fine by us. contact: disciplineindisorder@gmail.com]
Quelques mots de plus sur Pedro.
Pages must have been written on Pedro Paramo, even shooting stars are well observed these days. Some of these pages probably by those wishing it to be a lost masterpiece (now what a story that would make...), those who would not swallow the worm at the bottom of the bottle. Not to say that I did, but I also tried to stay away from these pages. Just to say: If one needs to get lost, one does not look for a map.
Here I am, tackling a Mexican masterpiece, a blur of sweaty dreams, from much colder and dryer shores, words coming a bit too easily when you do not want to indicate. This is a book to be passed on whole, un novelito de la perdicion, of time and family disintegration, Life and Muerte, outside/inside, small by size, infinite by, justement, its chemical effect. If Fresan's Mantra is full-on lysergic, P.P. is too me, scarier: like a trip that only you think is not working (it is) or the parano (n not m) paradigm shift induced by out of date mescaline. The paper proof that days are hot in the desert but you will shiver at night.
There is not much point trying to sum up those 100 and something pages. No point at all actually. But they triggered a few associations you may judge too personal. Not references, but a broken kaleidoscope, notes on a town that never was, for a movie that will hopefully never be:
Abismos de Pasion, Bunuel's Mexican Wuthering Heights ; les 'non-duppes errent' in Minnelli (Home from The Hill, Undercurrent may be ), Jim Dodge's Not Fade Away, another ghost hunt: Antonioni's Passenger, another ghost hunt; Carnival of Souls, Night Tide, Citizen Kane or even Walsh' s Pursued if you ask me.
Hard to focus with this one, that's what it darn does. I'm afraid the confusion would have been as... hmmmm... yes, vivid in French. This is a poison sans frontiere and some kind of 'once in a lifetime'. Juan Rulfo never finished his second novel, Cordillera (It is generally accepted that he destroyed the manuscript sometimes between the mid-sixties and his death in 1986- did someone at the back of the room asked for another good story?). Evidently a great loss, but I'm not sure I could cope with another so pure yet so intoxicating book.
Ps:I've just heard about the loss of someone I knew. I'll now drink hard, with or without Juan Preciado, to the reality of fantasmas and their Langage International des Morts.
''And your soul? Where do you think it's gone?'
"It's probably wandering about like so many others, looking for living people to pray for it. Maybe it hates me for the way I treat it, but I don't worry about it anymore. And now I don't have to listen to its whining about remorse. Because of it, the little I ate turned bitter in my mouth; it haunted my nights with black thoughts of the damned. When I sat down to die, my soul prayed for me to get up and drag on with my life, as if it still expected some miracle to cleanse me of my sins. I didn't even try. 'This is the end of the road,' I told it. 'I don't have the strength to go on.' And I opened my mouth to let it escape. And it went. I knew when I felt the little thread of blood that bound it to my heart drip into my hands.' ....p.65
Juan Rulfo, Pedro Paramo, Serpent's Tail, 1987 for this edition. With an introduction by Susan Sontag. Translation seems good to me.
Monday, 12 September 2011
On y revient... Avant que Ca brule!
Extrait d'une de mes plus belles recentes trouvailles:
A Touch On The Times-Songs of Social Change 1770-1914, Roy Palmer Ed., Penguin, 1974.
On y reviendra, mais tout ca (300 pages de chansons) vaut encore son pesant de grain et de plomb.
[just click on the image to be able to sing along. Nb: la plupart des chansons sont accompagnees de leur partition-yeeeeeehaaaaa!]
Wednesday, 7 September 2011
Jaÿ-Z - Decoded - Virgin Books 2010
C’est la rentrée. Nouvelle classe, nouveaux professeurs, nouvelles matières. Et cette année, pour les quelques uns qui auront pris hip-hop en option, voici votre nouveau manuel : Decoded, de Shawn Carter aka Jaÿ-Z.
Apprenti discret au début des années 1990, force montante dans la deuxième partie de la décennie, omniprésent depuis le début du millénaire, Jaÿ-Z est aujourd’hui le visage du hip-hop US. Son visage respectable et mainstream, cravaté, souverain, mature, marié (ou presque) et père de famille (bientôt), parfaite incarnation d’un hip-hop (d’)adulte tout en calculs. Il n’est pas un génie ; mais un professionnel, qui au surplus cultive à plaisir cette image d’executive du rap (du music business, de la mode, etc.). Tout ça pour dire que lorsque le personnage a sorti son autobiographie l’année dernière, sous la forme d’un hardcover imprimé sur un splendide papier glacé, plein de graphismes classieux faussement street et vraiment bourgeois, je n’en attendais rien - le livre n’avait même pas le côté ludique de 50 x 50, le (s)crap-book idiot de 50 Cent, avec tous ses trucs à tirer ou à ouvrir.
Et j’avais tort. Ce n’est pas que la vie de Jaÿ-Z soit fascinante lorsqu’elle est racontée par lui-même : c’est l’histoire habituelle, de la rue au sommet, relatée sans affect, sur le ton assuré d’un professeur de management pour qui tout (le deal de crack, la construction d’une carrière de rapper, l’industrie du prêt-à-porter, la vie) est un business model, une occasion de s’enrichir et d’exercer son pouvoir sur les autres. Il y a des gens que ça intéressera (tous ceux qui considèrent Donald Trump comme un héros des temps moderne), mais on est en droit de trouver que le Juicy de Biggie Smalls dit tout cela mieux que cela, et en moins de cinq minutes.
Non, ce pour quoi ce livre doit absolument figurer dans toute bibliothèque hip-hop qui se respecte, ce sont les longs passages que Jaÿ-Z y consacre à son art. A son art, oui, qu’il dissèque pour nous avec une précision et une passion réellement étonnantes. Chaque chapitre est accompagné de la reproduction de trois ou quatre de ses textes que Jaÿ-Z jugent importants et dont il détaille les références et les trucs de construction. Et c’est absolument passionnant. On sent son plaisir à jouer avec les mots, à faire rouler leur polysémie tout le long d’un morceau, ou au contraire à varier soudainement son lexique pour créer une rupture, à cadencer ses phrases en multipliant les rimes internes, à construire une fable urbaine en 16 mesures. On saisit le fil de ses métaphores, les nuances de son jargon, mais aussi les enjeux de ses interactions avec ses pairs, entre rivalités, concurrence et admiration, chaque collaboration étant introduite par un petit récit de sa genèse et de son sens.
Cela n’en fait pas pour autant un livre agréable à lire : des lyrics de rap, quel qu’en soit l’auteur, ne sont pas fait pour être lus. Il faut les entendre, évidemment, enveloppés dans le flow et le grain de la voix du rapper, navigant au rythme de ses accélérations et de ses pauses, et posés sur un instrumental. Decoded n’est pas un livre pour aimer, mais un livre pour comprendre ; et son aridité - des pages remplies de lyrics hachés de notes d’explication - est en elle-même remarquable : enfin, un rapper prend le temps de nous décoder les règles de son art. Et de le faire bien, avec méthode, ampleur, générosité. RZA l’avait déjà fait il y a quelques années, plus explicitement encore, avec The Wu-Tang Manual (Riverhead/Berkeley Books, 2005), autre référence de la bibliographie scolaire du hip-hop. On rêve que Kool Keith ou Lil Wayne en fassent un jour de même.
Apprenti discret au début des années 1990, force montante dans la deuxième partie de la décennie, omniprésent depuis le début du millénaire, Jaÿ-Z est aujourd’hui le visage du hip-hop US. Son visage respectable et mainstream, cravaté, souverain, mature, marié (ou presque) et père de famille (bientôt), parfaite incarnation d’un hip-hop (d’)adulte tout en calculs. Il n’est pas un génie ; mais un professionnel, qui au surplus cultive à plaisir cette image d’executive du rap (du music business, de la mode, etc.). Tout ça pour dire que lorsque le personnage a sorti son autobiographie l’année dernière, sous la forme d’un hardcover imprimé sur un splendide papier glacé, plein de graphismes classieux faussement street et vraiment bourgeois, je n’en attendais rien - le livre n’avait même pas le côté ludique de 50 x 50, le (s)crap-book idiot de 50 Cent, avec tous ses trucs à tirer ou à ouvrir.
Et j’avais tort. Ce n’est pas que la vie de Jaÿ-Z soit fascinante lorsqu’elle est racontée par lui-même : c’est l’histoire habituelle, de la rue au sommet, relatée sans affect, sur le ton assuré d’un professeur de management pour qui tout (le deal de crack, la construction d’une carrière de rapper, l’industrie du prêt-à-porter, la vie) est un business model, une occasion de s’enrichir et d’exercer son pouvoir sur les autres. Il y a des gens que ça intéressera (tous ceux qui considèrent Donald Trump comme un héros des temps moderne), mais on est en droit de trouver que le Juicy de Biggie Smalls dit tout cela mieux que cela, et en moins de cinq minutes.
Non, ce pour quoi ce livre doit absolument figurer dans toute bibliothèque hip-hop qui se respecte, ce sont les longs passages que Jaÿ-Z y consacre à son art. A son art, oui, qu’il dissèque pour nous avec une précision et une passion réellement étonnantes. Chaque chapitre est accompagné de la reproduction de trois ou quatre de ses textes que Jaÿ-Z jugent importants et dont il détaille les références et les trucs de construction. Et c’est absolument passionnant. On sent son plaisir à jouer avec les mots, à faire rouler leur polysémie tout le long d’un morceau, ou au contraire à varier soudainement son lexique pour créer une rupture, à cadencer ses phrases en multipliant les rimes internes, à construire une fable urbaine en 16 mesures. On saisit le fil de ses métaphores, les nuances de son jargon, mais aussi les enjeux de ses interactions avec ses pairs, entre rivalités, concurrence et admiration, chaque collaboration étant introduite par un petit récit de sa genèse et de son sens.
Cela n’en fait pas pour autant un livre agréable à lire : des lyrics de rap, quel qu’en soit l’auteur, ne sont pas fait pour être lus. Il faut les entendre, évidemment, enveloppés dans le flow et le grain de la voix du rapper, navigant au rythme de ses accélérations et de ses pauses, et posés sur un instrumental. Decoded n’est pas un livre pour aimer, mais un livre pour comprendre ; et son aridité - des pages remplies de lyrics hachés de notes d’explication - est en elle-même remarquable : enfin, un rapper prend le temps de nous décoder les règles de son art. Et de le faire bien, avec méthode, ampleur, générosité. RZA l’avait déjà fait il y a quelques années, plus explicitement encore, avec The Wu-Tang Manual (Riverhead/Berkeley Books, 2005), autre référence de la bibliographie scolaire du hip-hop. On rêve que Kool Keith ou Lil Wayne en fassent un jour de même.
Rodrigo Fresan, Mantra, 2001
Bolano, qui jusqu’au bout tenait Fresan pour son (dernier) ami, considérait les pages sur Black Hole "le catcheur existentialiste" comme les meilleures de Mantra. Mantra? Une « promenade dans l’abîme » qui était prévue, à l’origine, pour être une description de Mexico DF destinée à une collection de guide littéraire. A la place, cinq cent pages hallucinées, péyoltées, découpées en trois parties : une évocation de Martin Mantra enfant, jouant à la roulette russe à son premier jour d'école ; puis un abécédaire de 300 pages où la ville est révélée à coups d’idées et de personnages indignes et sauvages; et enfin un remake Kraftwerk de Pedro Paramo, le chef d’œuvre sablonneux de Juan Rulfo. L’ensemble a quelque chose d’assourdissant, en plus d’être une tentative vertigineuse de parler le Langage International des Morts (où comment placer l’esperanto là où il n’y a plus d’espoir).
«Blue Demon et El Santo n’apprécient guère ma popularité croissante. Ils me proposent des films, des bd, des femmes, me demandent de les accompagner à la Casa Mascarada, un tripot mal famé fréquenté par des catcheurs qui, après les combats, se bagarrent avec des femmes vénéneuses. Je refuse. Je ne me justifie pas. Comment leur expliquer que je suis un existentialiste ? C’est ainsi que je deviens sans le vouloir une autre option éthique et esthétique dans le monde de la lutte. J’arrive sur les lieux du combat, je fais mon travail, je gagne puis je disparais. Les Journalistes et les vedettes me poursuivent comme des limiers en chaleur. Je ne leur accorde aucune attention. Je ne me prête pas davantage aux clowneries auxquelles se livrent des catcheurs comme Eau de Toilette, qui monte sur le ring drapé dans un vaporeux peignoir en soie et asperge de parfum les yeux de ses rivaux. Je choisis mes combats et mes ennemis parce qu’on est aussi dangereux et terrible que les adversaires contre lesquels on décide de lutter. J’entre dans le DF et j’en sors, je fais des allers et retours à Rancheras Nostalgicas. Je m’y marie et j’ai un fils. Ni elle ni lui ne savent qui je suis. Ils ignorent mes activités dans la grande ville. Ils croient que je suis une sorte d’employé administratif des chemins de fer et que je sillonne tout le pays pour les besoins de mon travail. Une sorte de voyageur de commerce ou de superviseur, peu importe. Ils ne posent pas beaucoup de questions. Les années passent, et avec elles les nuits et les combats. Quand je rentre à la maison, le corps marqué et en boitant un peu, je dis par exemple à ma femme et à mon fils que je me suis fait attaquer en contemplant à Querétaro un coucher de soleil de la couleur d’une rose du Bengale. Un jour, distrait, j’oublie de ranger ma valise. Mon fils l’ouvre, découvre mon masque et mon maillot. Il sort en criant, fou de joie, agitant les bras dans tous les sens et bondissant, mais il n’a pas le temps de révéler mon secret car un camion qui transporte des limonades Chaparrita lui roule dessus et l’envoie au ciel, le visage éclairé par un sourire pétrifié et innocent que même la douleur n’a pu effacer. Je récupère son corps sur la chaussée. Je le lave, je le peigne. J’emporte son petit corps brisé chez le photographe de Rancheras Nostalgicas pour qu’il fasse le portrait de cet angelot défunt. Au cimetière, je paye des pleureuses et j’embrasse ma femme, qui ne cesse de pleurer gratuitement. Je vais dans ma chambre, met mon masque et endosse mon maillot. Je sors par la fenêtre pour ne plus jamais revenir. Je me sens plus existentialiste que jamais. Je loue une chambre dans une pension proche du Zocalo. C’est là que me parvient une lettre des avocats du français, m’apprenant qu’il m’a laissé un peu d’argent et une maison en France, dans un village appelé Chansons Tristes. L’argent est destiné à financer mon prochain film, «un film de lutteurs masqués, mais du genre existentialiste avec une esthétique Nouvelle Vague», précise le français dans ses dernières volontés. Va savoir ce que cela signifie. Je vais voir des films de Godard à la Cinémathèque. Je n’y comprends pas grand chose.»
(p. 183-184)
Rodrigo Fresan, Mantra, Traduit par Isabelle Gugnon, Passage du Nord-Ouest, Albi, 2010
«Blue Demon et El Santo n’apprécient guère ma popularité croissante. Ils me proposent des films, des bd, des femmes, me demandent de les accompagner à la Casa Mascarada, un tripot mal famé fréquenté par des catcheurs qui, après les combats, se bagarrent avec des femmes vénéneuses. Je refuse. Je ne me justifie pas. Comment leur expliquer que je suis un existentialiste ? C’est ainsi que je deviens sans le vouloir une autre option éthique et esthétique dans le monde de la lutte. J’arrive sur les lieux du combat, je fais mon travail, je gagne puis je disparais. Les Journalistes et les vedettes me poursuivent comme des limiers en chaleur. Je ne leur accorde aucune attention. Je ne me prête pas davantage aux clowneries auxquelles se livrent des catcheurs comme Eau de Toilette, qui monte sur le ring drapé dans un vaporeux peignoir en soie et asperge de parfum les yeux de ses rivaux. Je choisis mes combats et mes ennemis parce qu’on est aussi dangereux et terrible que les adversaires contre lesquels on décide de lutter. J’entre dans le DF et j’en sors, je fais des allers et retours à Rancheras Nostalgicas. Je m’y marie et j’ai un fils. Ni elle ni lui ne savent qui je suis. Ils ignorent mes activités dans la grande ville. Ils croient que je suis une sorte d’employé administratif des chemins de fer et que je sillonne tout le pays pour les besoins de mon travail. Une sorte de voyageur de commerce ou de superviseur, peu importe. Ils ne posent pas beaucoup de questions. Les années passent, et avec elles les nuits et les combats. Quand je rentre à la maison, le corps marqué et en boitant un peu, je dis par exemple à ma femme et à mon fils que je me suis fait attaquer en contemplant à Querétaro un coucher de soleil de la couleur d’une rose du Bengale. Un jour, distrait, j’oublie de ranger ma valise. Mon fils l’ouvre, découvre mon masque et mon maillot. Il sort en criant, fou de joie, agitant les bras dans tous les sens et bondissant, mais il n’a pas le temps de révéler mon secret car un camion qui transporte des limonades Chaparrita lui roule dessus et l’envoie au ciel, le visage éclairé par un sourire pétrifié et innocent que même la douleur n’a pu effacer. Je récupère son corps sur la chaussée. Je le lave, je le peigne. J’emporte son petit corps brisé chez le photographe de Rancheras Nostalgicas pour qu’il fasse le portrait de cet angelot défunt. Au cimetière, je paye des pleureuses et j’embrasse ma femme, qui ne cesse de pleurer gratuitement. Je vais dans ma chambre, met mon masque et endosse mon maillot. Je sors par la fenêtre pour ne plus jamais revenir. Je me sens plus existentialiste que jamais. Je loue une chambre dans une pension proche du Zocalo. C’est là que me parvient une lettre des avocats du français, m’apprenant qu’il m’a laissé un peu d’argent et une maison en France, dans un village appelé Chansons Tristes. L’argent est destiné à financer mon prochain film, «un film de lutteurs masqués, mais du genre existentialiste avec une esthétique Nouvelle Vague», précise le français dans ses dernières volontés. Va savoir ce que cela signifie. Je vais voir des films de Godard à la Cinémathèque. Je n’y comprends pas grand chose.»
(p. 183-184)
Rodrigo Fresan, Mantra, Traduit par Isabelle Gugnon, Passage du Nord-Ouest, Albi, 2010
Thursday, 1 September 2011
full circle pt 2: Sean O'Brien, November
Le premier post de ce blog fut consacre a Sean O'Brien, poete britannique malheureusement non traduit en France. On y revient, comme a un vieil ami (il m'avait gentimment envoye un de ces poemes ecrit a la main, cadeau pour ma moitie-combien ferait ca en s'excusant de leur 'really bad hand-writting'?).
Son nouveau recueil, November, est sorti il y a quelques mois chez Picador Poetry. Meme si la Poesie est une ile que certains pensent lointaine, On s'en sent toujours aussi proche, ou il semble si proche de nous, au choix...
En clin d'oeil a quelques participants, occasionnels ou non, a cet espace, la premiere page de Cahiers de Cinema. Tout au long de ce recueil, une certaine France semble avoir ete importante pour O'Brien. On espere qu'elle lui rendra un jour la pareille.
Sean O'Brien, November, Picador, 2011.
quote (almost a motto)
In English (trying to broaden our horizon) but if you want to read the original text, where Michel Foucault was interviewed anonymously: 'Le Philosophe Masque' in Le Monde, intw by Christian Delacampagne, April 6, 1980. This translation: John Johnston.
From one of the easiest port of entry to M.F.'s thought, Foucault Live 1961-1984-Collected Interviews ,Sylvere Lotringer Ed, Semiotexte, 1989.
'I can't help thinking of the critic who would not try to judge, but bring into existence a work, a book, a phrase, an idea. He would light the fires, watch the grass grow, listen to the wind, snatch the passing dregs in order to scatter them. He would multiply, not the number of judgements, but the sign of existence; he would call out to them, he would draw them from their sleep. would he sometimes invent them? So much the better. The sentencious critic puts me to sleep, I would prefer a critic of imaginative scintillations. he would not be sovereign, nor dressed in red. He would bear the lightning flashes of possible storms'.
From one of the easiest port of entry to M.F.'s thought, Foucault Live 1961-1984-Collected Interviews ,Sylvere Lotringer Ed, Semiotexte, 1989.
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