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Disorder in Discipline-



Sunday, 25 August 2013

J'adore Michèle Bernstein à la télévision


A la bien peu ludique (malgré son titre) exposition de la BNF consacrée à Guy Debord au printemps dernier, la plus belle surprise aura été sa femme, Michèle Bernstein, cachée dans un coin de l’exposition, tout au fond de la grande salle consacrée à l’apogée de l’IS dans les années 1960. C’est un extrait de Lectures pour Tous, l’émission littéraire et patrimoniale de Pierre Dumayet, dans laquelle celle qui fut la première épouse de Debord présente son roman Tous les chevaux du roi, jubilatoire description parodiant Sagan de la vie infiniment libre de Carole et Gilles, deux irréguliers derrière lesquels il n'est pas difficile de reconnaître Bernstein et Debord.
 
Mutine, pétillante, elle se joue de son interlocuteur patelin et bizarrement complice. Huit minutes de pur plaisir, qui éclairait d’une flamme joyeusement amorale le cénotaphe empesé dressé par la BNF au pape de l’IS.

Pour ceux qui s’interrogeraient sur ce qu’était le ton habituel de cette émission lorsqu’elle ne recevait pas de situationniste, allez voir ici celle consacrée à Céline, reçu pour la sortie de D’un château l’autre. Et, en contrepoint, ce canular que Dumayet avait monté avec Claude Piéplu, .

PS : après Mick Farren, je n’ai pas voulu refaire de post nécrologique avec un lien vers un texte du défunt disponible sur internet. Mais je ne peux que vous conseiller d’aller lire ici ce court texte d’Elmore Leonard, décédé il y a quelques jours, Mollo sur les adverbes, les points d’exclamations et le verbiage, dans lequel il donne ses dix règles d’or de l’écriture. Un petit chef d’œuvre de critique littéraire hardboiled.

Friday, 16 August 2013

RIP Mick Farren

Hippie=Punk. La mort récente de Mick Farren, ex-leader des Deviants, agitateur à cheveux longs, critique rock et polygraphe subculturel, vient nous rappeler cette réalité longtemps masquée (Never trust a hippy, disaient les Sex Pistols), mais qui apparaît de plus en plus nettement à mesure que l’on s’éloigne des années 1960-70 : oui, les punks de 1977 étaient des hippies, car les hippies de 1967 étaient des punks.

Bien sûr, on ne parle pas des babas avachis qui payaient leurs tickets comme des moutons dans les festivals du début des années 1970 ; mais de ces freaks hargneux qui arrachaient les clôtures au nom de la musique gratuite (Farren avait fait ça à l’île de Wight), de ces petits frères des Beats en blousons de cuir et cheveux longs qui se rêvaient Guitar Army, avant-garde rock’n’roll d’une révolution pour la musique, la drogue, et baiser dans la rue (Farren fut un temps le « représentant » anglais du White Panther Party, le joujou politique, débile et exalté de John Sinclair), de ces ramoneurs de riff qui faisaient vrombir le psychédélisme comme un moteur trafiqué (réécouter ici les Deviants en Bo Diddley des détritus de la société spectaculaire-marchande).

Les quelques nécros dispersées ici et dans le creux de l’été insistent sur sa mort si rock’n’roll – crise cardiaque sur scène, alors que les Deviants interprétaient Cocaine & Gunpowder –, sa trajectoire musicale intransigeante, du Londres underground de Michael X (un type dont je reparlerai un jour) et d'Alexander Trocchi (un type dont j'ai déjà parlé) à la New Wave naissante qui le vit voisiner avec ces autres proto-punks de cuir et d’acier, le MC5 et Hawkwind (qui fut le berceau intersidéral de Mötörhead), son incroyable prolixité littéraire (il aura été tout à la fois historien des amphétamines – son seul livre traduit en français –, elvisophile maniaque, autobiographe et romancier de science-fiction et d’histoires de vampires). Il a même eu droit à une dépêche du site Pure People, ultime pied de nez de la société du spectacle intégré à celui qui fut l’un de ses contempteurs les plus acérés.

Je veux de mon côté retenir le chroniqueur rock visionnaire qui, au nom du spontanéisme garage des années 1960, raillait au début de l’année 1976 la machinerie lourdingue et superfétatoire du Rock Circus, et en appelait à une nouvelle révolution juvénile et électrique. Elle viendra quelques mois plus tard, comme on le sait, et réjouira Mick Farren. Quant à la machinerie lourdingue et superfétatoire du Rock Circus, ce Titanic qu’il promettait à l’iceberg il y a 37 ans, quinze jours avant sa mort, le 13 juillet 2013, les Rolling Stones jouaient à Hyde Park pour 65 000 personnes. Les tickets (95 £ + frais de réservation) se sont vendus en quelques heures. Personne n’a renversé le grillage.