'Well, that's my story and I'm sticking to that. So let's have another drink and let's talk about the blues. Blues is about dignity, it's about self-respect, and no matter what they take away from you - that's your's for keeps. I remember how it was, how every medium (TV and papers and radio) and all those people were saying "You're on the scrap heap, you're useless." And I remember how easy it was to start believing that. I remember how you'd hear people take it for granted that it was true. Just 'cause someone with an ounce of power said so. And that's a problem now. Too many oddballs, too many pocketbook psychologists and would-be philosophers with an axe to grind. But there's a solution. It's not easy, but it's a matter of coming to terms in your heart with the situation you're in. A matter of choosing how things go for you and not having things forced upon you. There are plenty of forces against you, forcing you against your will, your ideals. You've got to hope for the best and that's the best you can hope for. You've got to hope against hope. I remember something Sal Paradise said, he said "The city intellectuals of the world are debauched from the full body blood-of-the-land and are just rootless fools. So listen. When the smile, when the condescending pat-on-the-back comes and says "We're sorry but you're nothing. You've got nothing for us and we've got nothing for you" You say "No" and say it loud "NO!" And remember, people who talk about revolution and a class-struggle without referring explicitly to everyday life, without understanding what is subversive about love. And what is positive in the refusal and constraint. Since people have a corpse in their mouth.'
The Mighty Wah!-Talkin About the Blues PT2-1981. Pour la premiere fois, je cite une chanson. Vous trouverez l'original facilement mais aussi un de nos edits ici.
Tuesday, 22 January 2013
Sunday, 6 January 2013
Joan Didion, le Bleu de la nuit (Blue Nights), 2011
Le titre pourrait être celui d’un Garrel période héraldique. Et comme chez lui, il n’est ici question que de douleur et d’expérience mais rendues en matière et en atmosphère. Quatre ans après avoir adressé un livre à la mémoire de l’homme qu’elle a aimé toute sa vie (L’Année de la pensée magique), Joan Didion écrit sur la disparition de sa fille. Pas une ligne de complaisance, pas une plainte. C’est dans le sec des images invoquées par son écriture que vient se loger l’émotion. On se demande encore comment une telle force littéraire est possible.
En voici la première page :
«Sous certaines latitudes, pendant un certain laps de temps à l’approche et au lendemain du solstice d’été, quelques semaines en tout, les crépuscules rallongent et bleuissent. Cette période de nuits bleues n’existe pas en Californie subtropicale, où j’ai passé la plus grande partie de l’époque dont je vais parler ici et où les jours finissent vite, engloutis par le rougeoiement du soleil couchant, mais elle existe à New York, où je vis aujourd’hui. On en remarque les prémices quand le mois d’avril touche à sa fin et que commence le mois de mai, un changement de saison, pas vraiment un redoux – pas du tout un redoux, en vérité – mais soudain l’été paraît proche, une possibilité, voire une promesse. On passe devant une vitrine, on marche vers central Park, on se retrouve baigné d’une lumière bleue ; c’est la matière même de la lumière qui paraît bleue, et pendant une heure environ ce bleu s’épaissit, s’intensifie alors même qu’il s’assombrit puis s’estompe, se rapprochant pour finir du bleu des vitraux de Chartres par beau temps, ou du bleu des rayonnements Cerenkov émis par les barres de combustible dans les bassins des réacteurs nucléaires. C’est le moment de la journée que les français appelaient autrefois « l’heure bleue ». Pour les anglais, c’était « the gloaming ». le mot lui-même, gloaming, résonne et se réverbère en une myriade d’échos – gloaming, glimmer, glitter, glisten, glamour -, autant de déclinaisons de la lumière dont les consonances glissantes font surgir des images de maison aux voltes clos, de jardins enténébrés, de rivières frangées de verdure dont les méandres se faufilent parmi les ombres. Quand vient la saison des nuits bleues, on a l’impression que les journées n’en finissent jamais. Et à mesure que la saison des nuits bleues se rapproche de son terme (inexorable, inéluctable), on est saisi d’un frisson, d’une appréhension physique, maladive, lorsqu’on s’en avise pour la première fois : la lumière bleue s’en va, déjà les jours raccourcissent, l’été n’est plus là. Ce livre s’appelle « Le bleu de la nuit » parce qu’à l’époque où j’ai commencé à l’écrire, j’avais l’esprit tourné vers la maladie, vers la fin des promesses, le déclin des jours, l’inévitable assombrissement, l’agonie de la clarté. Le bleu de la nuit, c’est le contraire de l’agonie de la clarté, mais c’est aussi son avertissement. »
Joan Didion, le Bleu de la nuit (Blue nights), traduit par Pierre Demarty, Grasset, 2013
Joan Didion dans DinD
The White Album
L'Amérique
Play it as it lays (par Philippe Garnier)
Maria avec ou sans rien
L'année de la pensée magique
Vous pouvez entendre et voir Joan Didion lire ce passage dans cette vidéo un tantinet illustrative, bien que dirigée par Griffin Dunne, son neveu, qui fut accessoirement l'acteur principal du meilleur Scorcese: After Hours:
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