Friday, 14 June 2013
Quote : Susan Sontag, Journal
"5/5/64
"Ce qui ne me tue pas me rend plus fort." (Paraphrase de Nietzsche)
Il n'y a chez Irène ni amour, ni charité, ni gentillesse à mon égard. Pour moi, envers moi, elle devient cruelle, superficielle.
Le lien symbiotique est rompu. Elle l'a écarté.
Maintenant elle se contente de présenter les "factures". Inez, Joan, Carlos!
Aucune réactivité en elle. A mon égard, seulement la dureté. La surdité. Le silence.
16/7/65
Le langage devenue une série de tonalités "blanches", sourdes
Jamais de colère mais soit de la souffrance (si j'aime) soit de l'aversion, du dégoût dans le cas contraire
Je ne téléphone jamais à personne
Les matins sont les pires
Les gens sont superficiel, égoïstes - mais c'est sans importance je peux le supporter. "Ca n'a rien de personnel."
Est-ce que je me détériore depuis deux ans - m'étiolant, devenant austère, renfermée?
Aucune image de l'avenir
Ma carrière est ma vie, elle existe en dehors de moi, + c'est ce que je dis aux autres. Au-dedans, il y a mon chagrin.
Si j'espère le moins possible, je ne serai pas blessée.
1/8/65
Lire Blanchot, L'Attente, L'Oubli
Jean Reverzy
Bataille, Histoire de l'oeil
Pierre Louÿs, Trois filles de leur mère
Bataille : lien entre sexe+mort, plaisir+souffrance
Cf. Larmes d'Eros
Le problème avec un escroc, c'est qu'il ne tombe JAMAIS le masque. Il SEMBLE toujours fiable, séduisant, chaleureux, etc. Vous ne parvenez jamais à faire cadrer l'EXPERIENCE que vous avez de lui avec ce que vous DECOUVREZ de lui.
Irène : d'elle, j'ai connu l'EXPERIENCE d'un amour voluptueux et sans limites pendant quatre ans et demi. Ce que je pourrais m'obliger à penser d'elle (via Diana Kemeny etc.) - son besoin de dominer, de subjuguer, d'amoindrir - est toujours court-circuité par mon expérience. D'où le COMMENT PEUT- (POURRAIT) ELLE ?
Est-ce que mon humiliation des deux dernières années lui a procurée un réel plaisir ? C'est ce que dit Kemeny (+ Noël Burch). Je n'arrive pas à le croire - de quelqu'un que j'ai aimé. Ce serait donc un monstre -
J'ai toujours pensé (au pire) qu'elle n'éprouvait rien - qu'elle avait dû s'endurcir + se boucher les yeux, à un point extraordinaire, de sorte à se libérer - de sorte à ne pas se sentir coupable
Et si elle avait réellement tiré du plaisir ?
Je suis incapable de l'imaginer - bien que ce soit une évidence pour tout le monde
Je pensais qu'elle était autre, je la crois, la croyais différente."
Pix : Anna Karina dans Vivre sa vie de Godard.
Susan Sontag, Journal-Volume II, 1964-1980, Christian Bourgois, 2013.
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